Yahya Sinwar

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Dans l’univers de la Bible hébraïque, il existe un personnage qui tient un rôle particulier, et incarne le mal absolu. N’allez pas penser qu’il s’agit du Pharaon en Egypte, loin de là : il fit peut-être des misères aux hébreux, mais au final, il en paya le prix, et la Bible ne parle plus de lui ni de sa descendance après l’épisode douloureux de la traversée de la Mer rouge.

Non, ce personnage hautement malfaisant porte un autre nom, réduit d’ailleurs à un nom : Amalek.

Bad guys de père en fils…

Selon la Bible, donc, Amalek serait le petit-fils d’Esau – donc arrière petit-fils de Jacob : comme quoi, la descendance de personnages donnés pour exemplaires peut parfois partir en vrille. Ce personnage étonnant incarne le mal à plusieurs époques et on reproche à sa descendance, les Amalécites, de nombreux méfaits, comme d’avoir voulu exterminer les hébreux dans le désert, ou de s’être battus contre le roi Saul. Dans le livre d’Esther, on retrouve un autre descendant d’Amalek, Haman, qui voulut exterminer les juifs de l’empire du roi Assuérus.

Bref, le méchant dans les films juifs de l’antiquité, c’est à peu près toujours le même : Amalek.

Même s’il n’a pas réduit les juifs en esclavage, ni détruit le temple.

Car dans la mythologie juive, Amalek c’est le méchant qui fait mal, très mal, qui passe à deux doigts de nous exterminer.

Mais qui perd à la fin.

Un peu comme vil coyotte contre le road runner.

Un peu comme Hitler, aussi. On prétend d’ailleurs qu’un des condamnés à la potence, lors du procès de Nuremberg, fit le parallèle avec les dix fils d’Haman, pendus également.

Amalek 2.0

Je me suis souvent demandé qui serait Amalek, à notre époque. Pendant des années, j’ai cherché sans trouver. Arafat, Sadam Hussein ou Nasser ont été des adversaires redoutables du peuple juif, mais ils n’avaient pas l’aura suffisante pour reprendre le rôle principal tenu par Amalek. Ces ennemis d’Israel firent certes d’immenses dégâts, mais ils s’épuisèrent, et finirent par être oubliés puis disparaître.

Malheureusement, l’histoire récente m’a donné l’occasion de voir l’émergence d’un nouvel Amalek. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à avoir fait le parallèle, Bibi l’a fait il y a quelques mois – ce qui généra des remous politiques non négligeables, car il existe une injonction biblique qui vise à « éradiquer Amalek », donc éradiquer le mal. Il ne s’agit pas d’éradiquer le peuple palestinien, loin de là bien évidemment. Mais le suppôt du mal, celui qui emmène des millions de gens dans la mauvaise direction, celui-là, oui, mérite le mépris le plus certain.

Et c’était bien le cas de Yahya Sinwar.

Scarface

Sinwar était l’homme des basses oeuvres du Hamas. Chargé de liquider les « collaborateurs » ou les « informateurs », il utilisait la manière forte comme les voyous qui sévissent dans les cartels, du Mexique aux quartiers nords. Du genre torture, défenestration, et autres artifices. Bref, pas un rigolo.

Évidemment, Israel a mis la main sur lui assez tôt, dès 1989. Il n’avait même pas 30 ans, et passa ainsi les 20 années suivantes de sa vie en prison. Il aurait pu en passer plus, mais ses petits copains réussirent un coup terrible en 2012, en kidnappant de jeunes soldats, dont un certain Gilad Shalit, qui passa 5 ans en captivité à Gaza.

Contre la libération de Shalit, le Hamas exigea la libération d’un millier de prisonniers palestiniens. Pas du genre à avoir été pris en flagrant délit d’infraction au code de la route, ou qui ne payaient pas leurs PVs.

Non, des durs.

Genre Sinwar.

Ça tombait bien, il était en pleine forme. Il avait parfait sa connaissance de l’hébreu, de la mentalité israélienne, et avait même parfaitement récupéré d’une tumeur au cerveau, repérée par son dentiste (israélien) et opérée par un chirurgien (israélien lui aussi). Comme quoi, les prisons israéliennes ne sont pas toujours si terrible qu’on le dit…

Bien évidemment, vous diraient les gars de LFI, 20 ans de prison, ça donne une envie de prendre sa revanche. Comme les frères Kouachi, Sinwar était une victime de la méchanceté de l’âpre monde contre lequel il luttait depuis toujours (même si ce monde lui avait sauvé la mise).

Bref, il repris du service, gravit les échelons du Hamas, et s’imposa comme le chef incontesté sur le territoire de Gaza. Organisa ses troupes, accéléra l’acquisition d’armes, la construction de tunnels.

Et réalisa son « chef d’oeuvre », le massacre du 7 octobre.

Puis il se terra pendant plus d’un an, laissant les habitants de Gaza endurer la riposte à sa place, refusant de mettre un terme à la guerre, et assassinant les otages dont il ne voulait plus.

Tsahal a fini par mettre un terme à ses méfaits jeudi dernier.

Bon débarras.

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