West Side Story à la Seine musicale
Ce qu’il y a de merveilleux avec les grandes oeuvres, c’est qu’elles sont intemporelles. Prenez Roméo et Juliette. Il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que l’amour impossible entre les deux rejetons de deux familles rivales ne date pas d’hier. En transposant cette histoire classique dans les bas-fonds new-yorkais du milieu du XXème siècle, Bernstein, Sondheim et Laurents en firent non seulement la comédie musicale par excellence, mais aussi le symbole de toute réconciliation impossible entre deux familles, deux univers, deux peuples. Rien de tel que West Side Story pour inaugurer une salle de spectacle comme la Seine Musicale, qui trône à deux pas du Pont de Sèvres avec sa façade triangulée.
L’émotion est bien là. Je peux en témoigner, j’ai pleuré la moitié du temps. Il faut dire que « Maria », « Tonight », font partie des chansons qui parlent directement à mes émotions. Et même si, perdu dans l’immense salle de cette Seine Musicale à la décoration assez étrange avec son rideau qui semble représenter une arche de Noé, handicapé par une myopie mal corrigée, je n’ai pu que profiter à moitié des décors et du jeu des acteurs, je ne regrette pas les deux heures trente passées en compagnie de Tony, Raff, Maria et Anita.
West Side Story nous rappelle que nous avons tous été les immigrés d’une autre frange de la population, et que le regard que nous portons envers les migrants d’aujourd’hui est sans doute celui que trente ou cinquante ans plus tôt, une autre partie de nos compatriotes ont porté sur nos parents. Et quand la troupe d’acteur entonne le classique Gee, Officer Krupke, je n’ai pu m’empêcher de penser aux prétendus « déséquilibrés » de notre époque.
Les Jets et les Sharks d’aujourd’hui, saurez-vous les reconnaître autour de vous?
Jusqu’au 12 novembre à la Seine Musicale.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec