Voir Zemmour à la plage (ah-ouh, cha cha cha)
Vous l’avez sûrement remarqué, on ne parle plus que de la candidature d’Eric Zemmour, alias EZ, un peu partout dans les médias depuis la rentrée. Zemmour par-ci, Zemmour par-là, Zemmour fera ceci, Zemmour fera cela, Zemmour a dit ceci, Zemmour a dit cela. Il y aurait de quoi se lasser.
Cela a démarré avec la campagne d’affiches des « Amis d’Eric Zemmour » début juillet. Ça s’est poursuivi avec la suppression de son émission quotidienne sur CNews pour mieux réapparaître sur toutes les autres chaînes, cette fois en tant qu’invité. On a enchaîné avec la sortie de son livre le jour de Kippour. Puis la couverture de Paris-Match, où le candidat putatif apparaît aux côtés de sa conseillère Sarah Knafo, en maillot de bain à la plage (d’où le titre de cet article, librement inspiré de ça). Pour enchaîner sur un débat l’opposant à Jean-Luc Mélenchon, une de ces joutes sans réel intérêt si ce n’est offrir du temps d’antenne aux deux protagonistes. Pour aboutir à un sondage qui le place en 3e ou 4e position, juste derrière Marine Le Pen.
Ça ne vous rappelle rien ?
Moi, cela me fait penser à la campagne pour les primaires des Républicains aux US, en 2016. Zemmour serait-il entré dans un cycle à la Donald Trump, un moment spécial qui prive les autres acteurs du débat politique – et notamment ses concurrents directs, à droite et à l’extrême-droite – de temps de cerveau disponible ? Certes, Eric Zemmour n’a rien à voir avec Trump ni d’un point de vue du parcours personnel, ni en termes d’éducation. Il n’a pas besoin de Twitter pour boucher l’horizon de ses adversaires. Mais avouez que le résultat est proche. Avez-vous entendu qui que ce soit proférer des idées intéressantes depuis 5 ou 6 semaines ? Non. Le débat est obnubilé par ce personnage clivant, sorte de croisement de Woody Allen et de Jean-Marie Le Pen, ou de Bruno Mégret version littéraire.
À titre personnel, je ne suis pas un grand fan d’Eric Zemmour. Certes, d’un point de vue purement communautaire, je trouve cela assez amusant qu’un des futurs candidats à l’élection présidentielle soit issu de la communauté juive. Zemmour ne cache ni ses origines, ni son parcours en école juive durant sa jeunesse, il l’évoque de manière très claire dans les quelques pages d’un de ses livres dont j’ai pu feuilleter les premières pages chez un ami cet été.
Mais Zemmour me perturbe, m’énerve, m’inquiète. Il m’agaçait déjà avec son discours de « je sais tout », lorsqu’il intervenait dans les débats du samedi soir, en compagnie de son compère Eric Naulleau. Son discours actuel, qui reprend beaucoup des concepts égrenés par l’ex Front National. Contrairement à Marine Le Pen, qui est entrée dans une stratégie de réconciliation, pour reprendre un terme à la mode, Zemmour a choisi la voie de la radicalité. Il se positionne très très très à droite tant du point des valeurs que du discours.
Bref, Eric Zemmour n’hésite pas à dire tout haut ce que Marine Le Pen pense tout bas.
Avis aux électeurs de droite – comme de gauche – tentés par l’expérience. La route est encore longue jusqu’au soir du second tour. Mais si c’est pour voir Eric Zemmour danser le mambo au Royal Casino sous les lambris rococo, je ne suis pas certain que cela nous fera rêver comme dans les chansons d’été…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec