Visite technologique en Israël : le Technion

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Le programme de visites et de conférences débute ce matin par un passage obligatoire au Technion, l’une des premières universités en Israël. Accueil par le professeur Peretz Lavie, qui rappelle la mission d’intégration du Technion, qui accueille une multitude de profils différents, dans un but éducatif. Le Technion est à la pointe des différents secteurs éducatifs, et en particulier des MOOC.


Yoelle Maarek, VP research aux Yahoo! Labs

Diplômée des Ponts, elle fait son PhD au Technion, et rappelle que si la formation en maths est extraordinaire en France, le niveau en informatique n’était pas extraordinaire (du moins lors de ses études). Elle rejoint IBM où elle participe au développement de moteurs de recherche. Google vient alors la chercher, car à cette époque, Google recherchait des ingénieurs du Technion: elle construit une équipe dont la moitié des profils sont issus du Technion. Son bébé, chez Google, est bien connu: c’est le Google completion, cette fonctionnalité qui suggère des expressions de recherche à partir des premiers termes écrits. La différence avec la France: ici (en Israël), les ingénieurs sont ok pour parler en anglais et faire des vidéoconférences jusqu’à tard la nuit.

Puis Yahoo! la contacte en 2009 pour construire une équipe de pure recherche, qui pourrait publier et communiquer à l’extérieur (alors que Google ne le lui a pas permis).

Quels sont les points clés de l’innovation? Il y a deux approches, la pure académique (publish or perish) o celle de l’engineering (launch or perish). Le modèle des Yahoo! labs, c’est d’être d’abord totalement financé, et de mesurer le succès par l’impact au niveau de l’entreprise, et non de l’unité de recherche: aucune compétition en interne, le but est de faire réussir Yahoo!.

Pourquoi est-elle allée chez Yahoo! en 2009, alors que la société n’était pas à son meilleur niveau? Tout simplement pour travailler avec des profils de très haut niveau. Travailler avec les meilleurs est un challenge intellectuel, qui l’a inscrite dans une nouvelle dynamique: elle a publié plus de papiers depuis son arrivée chez Yahoo! que durant son époque de recherche chez IBM.

Quel intérêt de publier? A priori, c’est dangereux car on donne des indications à la concurrence. Oui, mais comme disent les anglais, « the devil is in the details ». De plus, publier permet d’avoir une lecture croisée, qui permet de valider, ou parfois même d’invalider, certaines pistes et certains résultats.

Il faut encourager les chercheurs et les innovateurs à chercher, à communiquer, à ne pas être modestes dans les efforts, et cela fonctionne! Paradoxalement, ça marche mieux en Israël que dans d’autres pays européens comme le Royaume-Uni.

Dr. Ohad Ben Dror, CEO & Founder of NanoSpun technologies

NanoSpun fabrique des fibres intelligentes qui relèvent des nanotechnologies par leur taille. La tehcnologie de NanoSpun est née au Technion. Les investisseurs sont de fonds d’amorçage israéliens. La R&D est développée par d’anciens élèves du Technion et pilotée par des enseignants-chercheurs. Plusieurs brevets ont déjà été déposés.

Plusieurs domaines d’application sont envisagés par NanoSpun Technologies:

  • Le traitement des eaux usagées
  • L’encapsulation de composants actifs dans des fibres
  • Le développement de textiles innovants
  • Les énergies « propres »

Dr Yoram Honen, Geometry and Image processing Laboratory

Au sein de son laboratoire, il mène plusieurs projets de recherche, soit de recherche fondamentale, soit appliquée à des problèmes concrets: médical ou sécurité, par exemple. Le lab collabore également avec les autres départements (aéronautique, médical) pour des projets de recherche croisés. Cet aspect multidisciplinaire est important et permet de progresser concrètement. Le laboratoire a également des liens avec de nombreuses entreprises: Intel, General Motors, Philips, nvidia, ainsi que des organisations et entreprises israéliennes, ainsi que Given Imaging (fabricant de la Pillcam). Pour cette société, justement, le lab a travaillé à l’élimination du bruit dans les images reçues.

Comment se passe la collaboration avec des entreprises? L’état participe, en finançant la moitié des fonds investis dans le projet de recherche, l’autre partie étant prise en charge par l’entreprise.

Quelques projets sur lesquels ils ont collaboré: la classification des différentes formes de cancer du colon en identifiant les différentes formes de tissus (avec Bio Medical Photonics), ou la détection de suspects à distance sur la base d’une reconnaissance 3D des visages(avec Avnet 37). Parmi les autres domaines abordés: chirurgie plastique, jeux vidéos, animation, réalité augmentée, détection de syndromes génétiques (en ultrasons 3D), etc. Ex de démo: construction d’une vue de profil à partir d’un flux vidéo pris de face.

Voici quelques exemples présentés:

  • La construction d’un visage de bébé « moyen », afin de construire un système d’inhalation optimal, qui fonctionne pour la majorité des enfants. Grâce aux techniques d’impression 3D, on peut également produire des systèmes qui s’adaptent à la morphologie de chaque enfant.
  • La reconnaissance de gestes en 3D. La démo montre comment jouer à Tetris en indiquant les mouvements avec la main (3 mouvements suffisent). On peut également détecter le mouvement des doigts et de la paume. Ou encore une démo de pong basée sur le mouvement des mains à partir de la projection de l’écran d’un Samsung Galaxy sur un écran.

Robert Sigal, InSightec

Ancien de l’institut Gustave Roussy, ancien de GE France, il a rejoint InSightec il y a peu. Il nous présente des technologies de chirurgie totalement non invasives, basées sur des procédés à ultrason. La technologie s’appuie sur de l’imagerie 3D (IRM qui fournit des infos de température) puis sur la diffusion d’un faisceau ultrason en maîtrisant l’action en s’appuyant sur l’info de température fournie par l’IRM.

Trois domaines d’application: gynécologie, neurologie, cancérologie.

  • En cancérologie, la technologie InSightec permet de traiter des cancers du sein ou les métastases osseuses. Les premiers essais cliniques ont déjà eu lieu.
  • En neurologie, InSightec permet de traiter certaines pathologies, comme le tremblement des membres pour les patients atteints de maladie de Parkinson.

Les 3 challenges à adresser: l’approbation des autorités de santé (FDA, SFDA, HAS, …), l’acceptation par les professionnels, et enfin le remboursement des frais dans le système de soins. En France, cette technique n’est hélas pas encore remboursée; idem aux US avec les compagnies d’assurance.

InSightec, c’est une Joint venture entre GE et Elbit, avec 135 employés dont 27% issus du Technion. Plus de 250 millions de dollars ont été investis jusqu’à présent. Une centaine de brevets ont été déposés autour de cette technologie.

3 sites sont déjà équipés en France: Polyclinique Jean Vilar (Bordeaux), centre Antoine Lacassagne à Nice, le CHU de Tours.

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