Visite médicale

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Comme de nombreux salariés français, j’ai passé ce qui constitue un passage obligé après être arrivé dans une nouvelle entreprise (pour mon cas il y a un an) : la visite médicale. À mon âge, ce n’est bien évidemment pas la premiere fois, mais c’est probablement l’une des dernières fois, l’âge de la retraite approchant à grands pas… En près de trente cinq années de vie professionnelle, j’ai le sentiment cependant que le contenu de cette visite réglementaire a peu à peu évolué.

Je me souviens encore du médecin en poste au rez-de-chaussée de l’immeuble de Dassault Systèmes, un peu austère et pince-sans-rire qui nous recevait, et dont j’ai oublié le nom. Ma mémoire me fait peut-être défaut, mais il me semble qu’à mes débuts, à la fin des années 80, l’examen médical d’incorporation (comme à l’armée) comprenait un peu plus d’examens médicaux que le rapide entretien que je viens de passer.

Car oui, cela s’apparente de plus en plus à un entretien, à l’exception du rapide examen de mon acuité visuelle, et d’une prise de tension. Les médecins ou infirmiers que nous rencontrons désormais lors de ces échanges me semblent plus enclins à un échange verbal, qu’à une palpation ou à un examen des urines.

La visite d’incorporation prend désormais la forme d’une discussion libre, autour de sujets divers, portant sur la durée du trajet maison-bureau, sur le nombre de jours de télétravail, la pression que l’on aurait à subir dans un environnement stressant. L’échange aurait d’ailleurs pu se prolonger plus longtemps, tant la jeune et sympathique personne en face de moi s’intéressait à mon activité (qu’elle avait du mal à comprendre, l’informatique s’apparentant pour elle à de la magie) et prenait plaisir à mes explications sur le fonctionnement d’Internet. Mais il fallut bien y mettre un terme, d’autres « patients » se pressant dans le couloir…

En sortant de son bureau, logé dans un complexe situé au sous-sol d’un superbe immeuble Haussmannien, je n’ai pu cependant m’empêcher de me demander à quoi tout cela rimait. Avais-je besoin d’une telle visite médicale ? Après tout, je me porte bien, je rends visite à un médecin à peu près chaque année, soit pour soigner un petit coup de froid, soit pour un checkup. Je rends également visite à mon cardiologue, mon ophtalmo et mon dentiste de manière régulière, pour vérifier que tout va bien. Et je ne pense pas être le seul salarié à le faire.

Alors à quoi rime la visite médicale d’incorporation, et plus généralement, à quoi sert encore la médecine du travail ?

Tiens, le terme même de « médecine du travail » pose problème. L’expression elle-même pourrait laisser penser que le travail est une maladie, qu’on soigne en allant consulter un médecin spécialisé, comme on irait voir un dentiste en cas de rage de dents.

L’évolution même du format de la visite, sous la forme d’un entretien sur les problèmes de stress au travail, témoigne en réalité d’un changement majeur par rapport à ce pour quoi était peut-être conçue la médecine du travail. Il ne s’agit plus de détecter une pathologie quelconque, mais plutôt des risques socio-professionnels, liés par exemple à un management outrageux ou à une exploitation des salariés.

Est-ce vraiment nécessaire ? Peut-être dans certaines entreprises. Mais peut-être que le médecin généraliste que l’on consulte en cas de grippe saisonnière pourrait également s’occuper de détecter ce type de problème.

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