La vaccination à reculons
Ça y est, la campagne de vaccination est partie ! Et pour ce premier jour, nous avons eu droit au grand show : un chef de gouvernement, des élus, des responsables du système de santé… Sauf que cela ne se passe pas en France mais en Israel et aux États-Unis. De par chez nous, la campagne de vaccination a débuté avec Mauricette, une retraitée d’un EHPAD de Seine Saint-Denis. Elle a de la gueule, la start-up nation, n’est-ce pas ?…
On peut comprendre que les personnes à risque soient prioritaires. Cela va de soi. Mais l’enjeu de cette campagne n’est pas de vacciner les personnes déjà fortement sensibilisées. Le véritable enjeu, c’est de convaincre la moitié molle de la France qui se défie de ces vaccins produits en un temps record. Ceux qui doutent, les complotistes et les craintifs.
Il faut dire que les médias ont leur part de responsabilité, passant leur temps à évoquer les effets secondaires possibles, oubliant au passage que la qualité première d’un vaccin, c’est son effet primaire : prévenir la maladie.
On aurait donc apprécié voir les politiques faire le boulot. Ça aurait eu de la gueule, de voir Emmanuel Macron, Jean Castex ou Olivier Véran jouer … les premiers de cordée, oui, les vrais premiers de cordée, ceux qui ouvrent la voie et sur qui on peut compter en cas de coup dur.
Mais non.
D’abord les vieux.
Ensuite le personnel soignant.
Et ensuite, la France qui veut bien y croire.
Quelle population privilégier, au démarrage d’une campagne de vaccination ? C’est le choix difficile qu’on est amené à faire ces jours-ci. Privilégier les personnes à risque paraît le plus logique, mais on peut aussi se dire qu’il est préférable de commencer par les individus qui sont le plus susceptibles de véhiculer le virus.
Dans un livre passionnant que j’avais lu il y a une vingtaine d’années, Linked, Albert-Lazlo Barabasi expliquait comment on pouvait casser une loi de puissance : il fallait, expliquait-il, repérer les super-connecteurs, ceux par qui transite principalement le phénomène qu’on souhaite étudier, qu’il s’agisse de trafic aérien, de réseau d’électricité ou d’épidémie. Bien entendu, dans ce dernier cas, il peut sembler difficile, a priori, d’identifier les super-connecteurs a priori. Mais on peut très bien se faire une petite idée : ceux que leur métier contraint à de fréquentes rencontres (les politiques, par exemple), ceux qui sont appeler à se déplacer fréquemment (les livreurs), et probablement moins les personnes résident en EHPAD, qui ne croisent que le personnel de l’établissement où ils résident.
Allez, croisons les doigts. Dans 5 ou 6 mois, une proportion significative de la population aura accepté de se faire piquer. Et nous serons revenus à la vie normale.
Bonne piqouze.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Effectivement, le sujet en France est de convaincre les gens de se faire vacciner (plus la moitié de la population refuse alors que le covid tue encore plus de 100 personnes par jour en France et qu’il y a eu extrêmement peu d’effets secondaires chez les millions de personnes vaccinées dans le monde).
Cela étant, il ne suffit pas de convaincre, il faut aussi que l’intendance suive. Pendant que l’Europe déploie une campagne de com pour quelques dizaines de personnes vaccinées, Israël a d’ores et déjà vacciné plus d’un quart de millions de personnes (3% de sa population), prévoit d’atteindre le million avant fin janvier puis quatre millions (la moitié de la population) avant fin mars.
En France, on nous annonce la vaccination d’un million de personnes prioritaires à fin février (1,5% de la population) et que les non-prioritaires ne seront pas vaccinés avant juin. Cherchez l’erreur !