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Quatre petites années et puis s’en va. Donald Trump n’aura finalement pas réussi à se faire réélire. Même si les résultats définitifs n’ont pas encore été diffusés, il est à peu près certain que c’est son adversaire, Joe Biden, qui remportera cette élection présidentielle 2020. Déjà, au lendemain du scrutin, le candidat démocrate bénéficiait d’une avance solide face à son concurrent. Quelques heures plus tard, au soir du mercredi 4 novembre, il restait encore de nombreux bulletins de votes par correspondance à dépouiller. Mais au fil du temps, la plupart de ces votes par correspondance se sont avérés au profit du candidat démocrate.
La défaite du président qui tweettait plus vite que son ombre
C’est quand même assez étonnant. Président numérique s’il en est, Trump a remporté ses principales victoires – la primaire républicaine puis la présidentielle 2016 – en bonne partie grâce à son investissement personnel sur les réseaux sociaux. Sa stratégie du tapis de tweets, qui empêche ses adversaires de se concentrer sur les vrais sujets, n’a pas fonctionné. Paradoxe de cette élection 2020, pour faire face à la vague de contenus digitaux, le camp démocrate a adopté une stratégie basée … sur le papier.
De manière assez étrange, il semble que le camp républicain avait anticipé la menace que représentait ce vote par correspondance. Déjà, quelques mois avant l’élection, Trump avait fustigé ce qu’il dénonçait par anticipation comme une fraude massive, dans son style bien à lui. Le bougre avait bien identifié le plus grand danger qu’il aurait à combattre.
Le cachet de la poste fait foi et loi
Il faudra s’interroger sur la raison pour laquelle de nombreux votes démocrates se sont exprimés par ce biais. Est-ce parce que l’élection se déroule durant un jour de travail ? Mais cela n’explique pas la prépondérance du vote démocrate par ce biais. Est-ce parce que de nombreux électeurs démocrates sont trop vieux pour se déplacer vers les bureaux de vote ? J’en doute : avec l’âge, l’électeur moyen a tendance à devenir plus réactionnaire que novateur. Est-ce parce que les supporters du camp démocrate avaient peur de se retrouver dans des bureaux de vote bondés, potentiels clusters en pleine épidémie ? C’est possible, mais cela n’explique toujours pas le vote démocrate. Est-ce parce que certains électeurs préfèrent ne pas montrer qu’ils votent ? Ce serait sordide, plus de deux siècles après l’indépendance.
Un tel scenario pourrait-il se produire en France ? Pourrait-on voir, au printemps 2022, un candidat l’emporter par le biais d’un vote par correspondance massif ? J’en doute un peu. Mai on aurait tort d’ignorer un tel scenario, et de ne pas imaginer ce qui pourrait advenir si l’un des deux principaux parti extrémistes en France adoptait la même méthode.
Que retenir de ces quatre années ?
Que retiendra l’histoire de ces quatre années ? Il est encore trop tôt pour dresser un bilan objectif. À côté d’une présidence parfois totalement délirante, où les conseillers et les secrétaires d’état se succédèrent à un rythme effréné, on pourra opposer quelques moments réellement historiques : une rencontre avec le chef de l’état nord-coréen, ou l’annonce d’accords de paix entre Israel et des pays arabes avec lesquels il n’y avait pas de guerre, mas il n’y avait pas de relations diplomatiques officielles non plus : une brèche majeure dans l’océan d’ignorance entre les deux camps. En face d’une gestion catastrophique de l’épidémie de Covid-19 – plus de 240 000 morts aux États-Unis à ce jour – un réel effort pour relancer l’économie américaine, avec une loi étonnante qui vise à sanctionner les entreprises qui déclarent leur bénéfice à l’étranger, pour les inciter à réinvestir aux US, ce qu’un avocat n’a pas hésité à qualifier de protectionnisme moderne dans les colonnes du Monde, récemment.
Ce qu’on a reproché à Trump pendant ces quatre années – ses mensonges, sa gestion chaotique de l’administration, la sortie des accords de Paris, la non-condamnation d’actes à répétition contre les minorités, bref, sa conduite autocratique d’un état qui n’y était pas tant habitué – lui aura valu sa place, au profit d’un adversaire plus âgé, d’apparence plus faible, mais peut-être aussi plus fin politique. Biden est un dinosaure de la politique américaine. Sénateur pendant 36 ans (!) d’un état, le Delaware, plus connu pour sa fiscalité généreuse que pour le développement de ses aides sociales, vice-président de Barack Obama (soit pendant 8 ans) Joe Biden vante le consensus et l’écoute, dans un stye très proche de l’ancien président démocrate.
Le meilleur ennemi des medias
Enfin, on retiendra aussi un traitement particulièrement gratiné du président sortant par les médias. Dans une sorte de « je t’aime moi non plus » de première classe, Donald Trump a entretenu le jeu avec les journalistes, à coup d’engueulades, d’injures, de clashes télévisés. Trump sans les medias ne serait pas Trump. Et les médias sans Trump risquent de devenir assez ternes. Il était le grain de sel qui alimentait les rédactions de part le monde, pendant 4 années. De qui se moquera-t-on dans les mois à venir ?
En réalité, que reprochait-on à Trump ? D’être un président qui décide et qui impose ses choix, qui agit parfois sans en référer à quiconque (comme ici), un président qui avance et qui ne tergiverse pas. Qui fait des erreurs, sans doute, plus souvent qu’un autre. Mais un président boosté aux résultats. Finalement, Donald Trump aura probablement été le président le plus proche d’un profil de chef d’entreprise. Non pas le chef d’une entreprise de services, qui avance à coup de consensus et de finesses, mais d’une entreprise du BTP, qui avance dans un univers où les adversaires sont capables de tous les coups bas. Trump a imposé à son mandat le rythme et la texture dont caractéristique de son parcours professionnel.
La victoire de Biden, c’est le retour en grâce de la politique.
Mais est-ce que cela pourra durer ?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
En écoutant la radio ce matin, j’ai appris le retour des chiens a la Maison Blanche. Trump avait rompu avec une tradition d’un siècle qui voulait que le président ait un chien.
Je vois dans cet anecdote tout le mérite de Trump résumé dans ton dernier paragraphe que je copie/colle.
« Un président qui décide et qui impose ses choix, qui agit parfois sans en référer à quiconque, un président qui avance et qui ne tergiverse pas. Qui fait des erreurs, sans doute, plus souvent qu’un autre. Mais un président boosté aux résultats. Finalement, Donald Trump aura probablement été le président le plus proche d’un profil de chef d’entreprise. Non pas le chef d’une entreprise de services, qui avance à coup de consensus et de finesses, mais d’une entreprise du BTP, qui avance dans un univers où les adversaires sont capables de tous les coups bas »
Ce que je retiens le plus de ces élections c’est l’immense déluge de désinformation dans les médias français comme US : on nous présente un parti aux nettes dérives fascistes (les pseudo-démocrates) comme un gentil parti « progressiste ». Une telle intox de masse me semble digne des pires dictatures. Quant aux extrémistes en France comme aux USA ils sont la norme depuis 40 ans et accessoirement au pouvoir. C’est d’ailleurs pour cela qu’à la base je suis devenu abstentionniste : pour ne plus contribuer à mettre au pouvoir des extrémistes antirépublicains sous prétexte de faire barrage à d’autres extrémistes.