Une passion absurde et dévorante
On ne devrait jamais envoyer ses enfants en colonie de vacances, durant les mois de juillet des années paires non bissextiles. C’est la conclusion qui s’impose à la lecture d’Une passion absurde et dévorante, le dernier ouvrage d’Olivier Guez. Passionné de football dès son plus jeune âge, c’est parce qu’il fut privé du France-Allemagne de 1982 – dont il n’apprit le résultat que quelques jours plus tard, par une lettre envoyée par son père, meskine – qu’il décida qu’il ne raterait plus jamais un seul match de phase finale de Coupe du Monde.
Je vous laisse imaginer le calvaire que cela représente.
Surtout pour son épouse.
Comment perdait-on son temps avant Netflix ?
Une Coupe du Monde, dans le format de la prochaine édition prévue au Qatar, ce sont 32 équipes sélectionnées en phase finale, soit 8×6 + 8+4+2+1+1 = 65 matches. Disputés parfois en parallèle, lors des derniers tours des poules. Diffusés à des heures parfois improbables, en pleine nuit ou en fin de matinée, selon le décalage horaire; Bref, c’est – et toutes les épouses le savent – un calvaire à endurer pendant quatre semaines, durant lesquelles le conjoint vit avec le foot, pense avec le foot, mange avec le foot, baise avec le foot, bref, un partage à la fois injuste et improbable.
Et le pire, c’est qu’on sait qu’il faut remettre le couvert quatre ans plus tard.
Que voulez-vous, c’est cela, une passion. Cela ne s’explique pas.
Pourtant, Olivier Guez s’évertue à tenter de nous l’expliquer, au travers de ces textes à la fois drôles et intimistes, où l’on suit son parcours, depuis ses premiers exploits dans le club de sa jeunesse, à Strasbourg, jusqu’à son voyage rédempteur en Argentine, quelques mois après le Mondial en Russie.
Une partie du livre est constitué des textes du reportage qu’il effectua pour le quotidien Le Monde, durant cette édition 2018 qui vit l’équipe de France obtenir sa seconde étoile. Ces textes, parfaitement documentés, nous font – ou refont, si vous les avait déjà lus à l’époque – découvrir le développement du football en URSS, en Italie ou en Allemagne. C’est drôle, très fin, et si bien écrit, que je suis certain que les personnes les plus réticentes au ballon rond finissent par s’en éprendre.
La seconde partie retrace le voyage en Argentine que l’auteur fit avec son épouse, quelques mois après avoir fait une sorte de burn-out consécutif à la victoire de MBappe et de ses coéquipiers. Il en profite pour nous faire découvrir la véritable raison de son voyage : une passion absurde et dévorante non pas pour le football dans son ensemble, mais pour un pays : l’Argentine. Et un de ses joueurs, en particulier : Diego Maradona.
Argentinaaaa
Et c’est là qu’un point de divergence fondamental est apparu entre nos deux visions du foot. Pour Olivier Guez, Maradona est le plus grand joueur de tous les temps. Il écrase Messi, aurait fait oublié Pelé, s’il n’était tombé dans les excès de la drogue, et symbolise parfaitement le paradoxe du footballeur du 20ème siècle, demi-dieu incapable de se défaire de ses traits humains, préférant la luxure et la débauche aux entraînements à la dure, dès l’aube, dans l’épais brouillard des environs d’Auxerre. Olivier Guez considère que le footballeur est fait pour jouir, que le but même de sa vie est une jouissance infime, tendue à l’extrême par la rareté des buts permise par l’étoffe des défenses adverses.
Je ne peux l’accepter.
J’ai une vision toute autre du football. Pour moi, elle est faite de sueur et de larmes (je préfère éviter le sang), de travail, d’exercices répétés. Et tant pis si l’on aboutit à ce football cybernétique joué par des corps body buildés qui peinent à e défaire des défenses adverses. Aux échecs, comme dans la vie, le génie individuel ne suffit pas. L’esprit d’équipe, la victoire de groupe, prévaut.
Mais cela, les passionnés ne peuvent l’accepter.
La lecture de ce livre, passionnant à de nombreux titres, s’achève donc sur une opposition de fait entre deux visions antagonistes du football, celle du football carioca, et celle du football besogneux. Et malheureusement, je pense que c’est cette dernière qui finira par s’imposer.
Reste une question à laquelle même Olivier Guez n’a su répondre : quelle est la raison de la fâcherie entre Guy Roux et Jean-Pierre Papin ? Karim pourra peut-être apporter des éléments de réponse…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je n’ai pas lu le livre d’Olivier Guez mais je l’ai vu en interview à la télévision sur ce sujet. Comme Hervé, je n’aime pas trop la déification de Diégo Maradonna. Etant né à l’époque de Pelé, je le considère comme meilleur. Il suffit de regarder les dvd qui retracent la carrière du brésilien pour comprendre son immense talent. Après, il y a d’autres joueurs tout aussi passionnants qui sont extraordinaires (Cruijff, Platini, Messi, Ronaldo et bien sûr Maradonna etc…).
Fan de musique, je n’apprécie pas non plus qu’on monte en épingle des artistes sur leur quantité de grammes de cocaines sniffés ou d’hectolitres de vodka aborbés en ignorant la musique moyenne qu’ils produisaient.
J’ignorais qu’il y avait eu une dispute entre Papin et Gu ROux. Je suis allé sur internet et j’ai appris que Guy Roux s’était opposé à la venue de Jpp comme entraineur à Auxerre. Et Jpp furieux s’était lâché sur l’épisode lensois de Guy Roux qui fut calamiteux (et oui, le dernier club entrainé par Guy Roux fut Lens).
Guy Roux vient de sortir de souvenirs appellé « Confidences ». Peut être en parle t ‘il? Une émission sur Rfi lui était consacré et j’ai appris qu’il avait offert 3 bouteilles de Chablis à mon frère lors d’une interview et que mon frère a révélé qu’il ne les avait pas encore ouvertes.
Merci Karim, je savais que tu finirais par nous éclairer sur la brouille JPP / Guy Roux.