Une ode américaine
Tout le monde connaît Donald Trump : si la communication intempestive du milliardaire américain devenu président pour la seconde fois ne suffisait pas, le battage médiatique autour de ses extravagances et de ses coups plus ou moins réussis à lui seul assure une publicité mondiale. Je crois même que depuis quelques années, il ne se soit pas passé un jour sans que le mot Trump n’ait été cité dans les médias.
En revanche, peu de gens connaissent son vice-président, J.D. Vance. Netflix vous offre néanmoins une occasion incroyable de faire connaissance avec ce personnage étonnant, au travers d’un film réalisé par Ron Howard, sur la base du récit autobiographique publié en 2016, qui retrace son adolescence au sein d’une famille américaine franchement chaotique : Une ode américaine, sorti en 2020, mérite largement qu’on lui consacre deux bonnes heures.
Il ne s’agit bien évidemment pas de mesurer les qualités de ce jeune vice-président, âgé de tout juste quarante ans, à l’aune de ses problèmes familiaux. Mais plutôt de prendre la mesure de ce que signifie l’ascenseur social dans une démocratie qui, malgré tout ce qu’on peut en dire ou en croire, permet encore des miracles en ce début de 21e siècle.
Imaginez un gamin élevé dans la campagne la plus pauvre, au sein d’une famille , avec une mère qui vole d’échec conjugal en échec conjugal pour finir par sombrer dans la drogue, des grands-parents qui se haïssent à mort, et qui finit par faire des études de droit d’un excellent niveau, à Yale, avant de rejoindre un grand cabinet d’avocat et de faire fortune dans le M&A, puis de se lancer en politique et de devenir le vice-président de la première puissance mondiale – vice-président d’un président au sommet de son art, mais qui frôle quand même les 80 balais…
Cette histoire assez dingue, essayez de la transposer en France. Vous y parvenez ? Moi je n’y arrive pas. L’ascenseur social, en France, est simplement cassé. Il envoie des gamins de banlieue devenir influenceurs, dealers ou stars du foot. Mais le succès rapide dans les affaires ou la politique, est inaccessible, tant les barrages sont nombreux.
Une ode américaine, aussi sombre qu’il soit, ouvre une fenêtre d’espoir sur un pays dont le reste du monde a tant attendu. Et attend encore, au-delà de ce qu’il est probablement raisonnable d’espérer.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec