Une loi, un papier d'harmonie
Le récent vote de la loi qui pénalise la négation du génocide arménien a dû en laisser plus d’un sur sa faim. Personnellement, je n’ai rien contre les lois qui pénalisent les négationismes, quels qu’ils soient. Nier un génocide, c’est, qu’on le veuille ou non, se mettre du côté des bourreaux. Et renier aux victimes la reconnaissance élémentaire de leurs souffrances. Arméniens, tziganes, juifs, tutsis, ljurdes, es victimes de la barbarie sont suffisamment nombreuses pour qu’une poignée de députés s’intéressent à leur situation.
Ce qui me dérange, c’est le particularisme associé à cette loi. J’aurais apprécié une loi plus "générique", pour reprendre un terme emprunté à l’informatique. Qui ne s’intéresse pas à UN génocide en particulier, mais à tous ceux passés, et ceux, malheureusement, qui viendront encore ternir la face de l’humanité. Le Prix Nobel de littérature attribué au romancier turc Orhan Pamuk, défenseur dans son pays des minorités opprimées, est tout à l’honneur de ce pays, et vint à propos ponctuer levote des 114 députés réunis pour faire voter cette loi.
On pourra gloser sur l’opportunité de cette loi quant au calendrier d’adhésion de laTurquie à l’Europe. Ou de la force du lobby arménien en France (et de la faiblesse du lobby turc…). Ou du temps passé par les députés pour traiter un sujet de politique étrangère, et sans grand intérêt dans le débat national. Mais ces gens là passent-ils vraiment leur journée à débattre de choses si intéressantes?…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec