Une coupe du monde de football en hiver?
L’événement est passé plus ou moins inaperçu ces derniers jours, entre les débats sur la quenelle et l’affaire Gayet, mais les vrais fans de foot, eux, l’auront remarqué: un officiel de la FIFA a lâché le morceau, et non des moindres, puisqu’il s’agit de Jérôme Valcke, son secrétaire général. Qu’a dit Mr Valcke? Que la coupe du monde prévue au Qatar se déroulerait probablement non pas entre juin et juillet, comme c’est le cas depuis de nombreuses années, mais … entre novembre et janvier! Sans préciser toutefois s’il s’agissait de l’hiver 2021-2022 ou de celui de 2022-2023…
Une question de température
Précisions tout d’abord au lecteur distrait que le Qatar se situant dans une région désertique de l’hémisphère nord, l’été y est particulièrement insupportable, la température y monte au-delà de 40°C. La pratique du sport en extérieur y est non seulement difficile, mais carrément dangereuse. Si dans un premier temps les autorités locales avaient envisagé la construction de stades climatisés, rien n’a été pensé pour les entraînements et les séances de récupération entre les matches. Pour jouer en été, il aurait fallu jouer la nuit, entre 2h et 4h du matin…
A l’inverse, le climat hivernal y est plutôt doux, idéal pour la pratique de sports en extérieur. La saison golfique démarre d’ailleurs, traditionnellement, par quelques opens dans la région, compétitions d’ailleurs richement dotées.
L’impact sur les championnats
Le principal impact porte sur l’organisation des championnats nationaux. En France, la trêve hivernale dure moins d’un mois. En Angleterre, il n’y a pas de trêve, et la tradition impose d’ailleurs quelques matches entre Noel et le Jour de l’an, lors de journées de championnat appelées « boxing day« , qui attirent un public nombreux et familial. En Italie et en Espagne, on continue de jouer en hiver.
Mais en Allemagne, en Pologne, en Russie, la trêve hivernale est obligatoire, en raison des conditions météorologiques. L’organisation d’une compétition internationale, ramassée sur un mois, ne porterait pas trop à conséquence.
Et que dire des pays sud-américains? Pour eux, le calendrier est optimal, puisque pour ces pays, l’hiver qatari coïncide avec la trêve estivale. Tout au plus constaterons-nous, pour une fois, une légère fatigue accumulée chez les joueurs issus de ces pays-là, qui n’auront eu de cesse de jouer une année durant. Avantage à l’Europe, donc.
Et puis, souvenons-nous que si la phase finale dure 4 semaines pour 32 équipes, la moitiés d’entre elles seront de retour au bercail au terme des deux premières semaines. Il n’y aura donc pas de trop grand chamboulements pour les championnats Suisse, Danois ou Porto-Ricains.
L’impact sur notre quotidien
L’effervescence qui se dégage d’une phase finale au mois de juin, à la veille des congés d’été, sera-t-elle la même à la fin du mois de novembre ou début décembre, alors que nos concitoyens sont plus concernés par leurs achats de Noel que par les résultats de Koweit-Paraguay? Les ventes de téléviseur 3D décolleront-elles? Les bars du centre-ville se rempliront-ils au son des vuvuzelas et d’autres ustensiles? Porterons-nous aussi fièrement les t-shirts des équipes nationales au bureau ou dans le métro, par des températures flirtant avec les 5°C? Rien n’est moins sûr, et je suis prêt à parier que les recettes de cette coupe du monde là seront en-deçà de celles qui se déroulent en été. Rien qu’à l’idée de passer Noel devant un téléviseur pour voir un quart de finale Brésil-Corée du Sud, je frémis déjà…
Et après?
Je me suis souvent demandé pourquoi les saisons footballistiques, en France, s’étalaient d’août à mai, au lieu de se caler sur une année calendaire. Franchement, est-il plus agréable d’aller voir un match de football dans le froid ou sous la pluie, ou dans la douce chaleur estivale?
Ne serait-il pas plus logique que les championnats européens se déroulent de mars à octobre, comme en Formule 1? Certes, cela imposerait de jouer toutes les prochaines coupes du monde en hiver, et donc dans des pays « chauds », mais cela attirerait probablement plus de monde dans les stades.
Alors, hiver ou été?
Coupe du monde de tous les défis – géopolitiques, thermiques, et maintenant chronologiques – cette Coupe du monde prévue au Qatar ne manque pas de magnificence, et rendons grâce à ce petit état d’avoir eu l’audace de relever de tels défis. Ni l’Uruguay, ni le Brésil, ni l’Argentine, pourtant pays organisateurs à de plusieurs reprises, n’ont réussi à infléchir le calendrier d’une Coupe du monde pour la faire jouer en hiver. Avec ses températures infernales, le Qatar pourrait fort bien changer la face de la planète foot…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Bien qu’habitant Marseille et son OM et son stade Vélodrome qui me coute bien cher en impôts locaux, je comprends l’émoi des fanas mais cela me laisse un peu froid car je n’ai jamais pris plaisir à voir 23 personnes courir sur un rectangle vert.
Mais bon !
En outre, je vais bientôt habiter La Réunion !
Je dirais bienvenu au pays de la folie des grandeurs ou comment une dictature salafiste bien vu de par le monde grâce à son argent le dépense inutilement en complexe colossaux qui me rappellent la grande décadence de Rome! Vive le foot!
Un nouveau sport d’hiver. Bientôt joué en pente ?