Un shabbat au MJLF
A l’occasion d’un bat-mitzva, j’ai passé mon premier office de shabbat dans la synagogue du MJLF. Expérience amusante, que je me propose de partager dans les lignes qui suivent.
Note: petit billet perso, qui n’intéressera probablement pas les amateurs de médias sociaux, qui peuvent passer leur chemin.
Passons sur les clichés: oui; le rabbin est une femme (Delphine Horvilleur), oui les femmes « montent » à la Torah, oui la rabbine utilsie un micro, oui les hommes et les femmes sont assis côte à côte, et oui, il y a un orgue pour accompagner les chants. Au-delà de ces faits qui choqueront la quasi totalité des juifs orthodoxes, que retire-t-on d’une matinée de shabbat à la synagogue du « MJ » comme l’appellent les adeptes?
- Une liturgie différente. Si on retrouve les principaux textes qui composent un office du matin dans une synagogue orthodoxe ashkénaze ou séfarade, de nombreux changements surprennent: absence de Moussaf, certains texte raccourcis (comme le Emeth qui suit le Shema), un nombre de Kaddich très réduit (seulement deux durant tout l’office…). Je me demande d’où proviennent ces changements, et sous quelle autorité ils ont été pris.
- Un calme olympien. Par rapport à une synagogue ortho et à fréquentation équivalente, il règne un calme olympien: le public écoute et ne passe pas son temps à discuter. Un exemple à suivre, bien entendu.
- Un service constamment expliqué: la rabbine mentionne à chaque fois le texte qui va être lu, à quelle page, et dans quel but. Ca en devient presque énervant, cette sensation d’être guidé comme un enfant. Je mets cela sur le fait qu’une part non négligeable de l’assistance n’était pas composée d’habitués du MJLF.
- Et surtout, un discours qui tient la route. En cela, j’ai été très agréablement surpris. Par opposition à de nombreux discours dans les synagogues orthodoxes qui tournent autour des mêmes litanies, celui de Delphine Horvilleur était vif et plein de fraîcheur (sur le lien entre la révolte de Korah et le meurtre d’Abel par Caïn, je vous laisse chercher le lien…).
Que tirer de tout cela? Rassurez-vous les gens, je ne vais pas quitter le monde ortho pour autant. Mon incursion au MJLF était intéressante, mais comme pour toute pratique religieuse, c’est le maintien des traditions qui prime, au-delà des évolutions proposées par le MJ. La mixité est loin d’être la plus impertinente: elle permet une meilleure participationd es deux types de public, évite cette sensation de discrimination qu’induit la séparation stricte, et contrairement à ce que peuvent penser les pervers, ne provoque pas de déchaînements dans les rangs des fidèles…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
La photo qui illustre cet article n’est pas celle du Rabbin Horvilleur mais celle du Rabbin Pauline Bebe de la CJL. DE plus cette photo n’a pas été prise lors d’un Shabbath les photos et les vidéo n’étant pas autorisés le Shabbath.
Merci de rétablir
exact, je fais les modifs
Bravo Hervé pour ce témoignage ! Comme tu le sais peut-être j’ai fréquenté le MJLF depuis sa création. ma mère faisait partie des familles fondatrices en 1977. tu n’as malheureusement pas assisté à un office du Rabbin Daniel Fahri, fondateur du MJLF, qui est quelqu’un d’exceptionnellement brillant, intelligent et chaleureux. Depuis que « les filles » ont repris la direction rabbinique du MJ, ce n’est plus tout à fait pareil. Non pas parce que ce sont des femmes (ce que je soutiens à 200 %) mais tout simplement parce qu’elles n’ont pas le même charisme et la même dimension. En tout cas, ça fait chaud au coeur de voir qu’un juif français très pratiquant peut faire preuve d’ouverture d’esprit et de respect vis à vis des juifs libéraux. Suffisamment rare pour être salué bien bas !!
Jean-Marc M
Merci Jean-Marc. j’ai quand même l’impression qu’il que le « clan MJ » n’est pas si soudé que cela au final