Un président normal ?
François Hollande renonce. L’impopularité a ses limites. Et peut-être le président sortant ne veut-il pas qu’on se souvienne de lui comme de celui qui aura fait exploser la gauche. Au contraire, par sa décision, il marque l’histoire politique du pays, étant le premier président de la Vème à ne pas briguer un second mandat. Ceci étant, comme le montre cette vidéo diffusée par l’équipe digitale de l’Elysée, il prend un malin plaisir à maintenir le suspense pendant près de dix longues minutes…
Déclaration du président de la République par elysee
Le président qui se voulait « normal » est donc allé au bout de sa normalité: quoi de plus normal que de renoncer, alors que les sondages le donnent ultra perdant. Sa seule chance aurait été une explosion des voix de droite, avec une candidature de Bayrou. Le béarnais ne se représentera probablement pas, lui non plus.
Hollande paie les dégâts abyssaux de ses confidences aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Le président des couacs, comme le définissent si joliment Joel Amar et Ziad Gebran s’est auto-détruit au terme de ce qui restera probablement comme son plus gros couac.
Que reste-t-il du côté des chances présidentielles à gauche? La candidature de Mélenchon, qui représente son extrême, toujours aussi virulente et peu plaisante. Et une primaire au parti socialiste qui démarre, et qui semble assez ouverte, pour l’instant. Mais le candidat qui remportera son investiture aura-t-il une seule chance de l’emporter? Et si le renoncement d’Hollande, loin d’être l’acte digne qu’on s’imagine, ne représentait finalement que le testament du parti socialiste, signé par un François Hollande plus pessimiste qu’on ne l’imaginait?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Eu égard aux tendances mondiales du moment, et au fait que les candidats les moins probables ont le plus de chances, Mélenchon me semble bien placé. Il a l’air d’avoir du monde pour lui. S’il trouve la bonne longueur de tir (façon Trump), il peut piquer des voix à Le Pen, ensuite, vote utile de gauche, notamment du Bobo, et hop, il est au second tour. Il fait passer Fillon pour une réincarnation de ceux qui ont fait tirer sur la Commune en 71, et il est élu.
Prospective à la Hervé.
Seulement, je ne pense pas que l’électeur français soit aussi mécontent que l’électeur anglais ou américain. Ce qui rogne les chances de Mélenchon ou de toute autre solution innovante. (D’ailleurs j’ai vu un article disant que désormais la France semblait un des derniers pays raisonnables, capables de ne pas tomber dans le populisme. La France deviendrait une valeur refuge.)
Sommes-nous vraiment raisonnables?