Un Monopoly spécialement conçu pour les tricheurs
Mes enfants ont récemment fait l’acquisition d’un jeu qui m’exaspère: le Monopoly édition Tricheurs. Le support du jeu est le même que celui auquel je jouait quand j’étais jeune, il comporte les mêmes noms de rue, de Belleville à la rue de la Paix, avec un petit changement au niveau des cases: le tableau est raccourci et passe de 40 cases à 36 cases. Il possède comme lui des cartes « Chance » ou « Caisse de communauté ». Comme dans l’ancien jeu, on va en prison à l’issue de trois doubles.
Mais il diffère par un détail majeur: dans cette version, il est permis de tricher.
Pire que ça, on y est vivement incité, au travers de cartes « Triche », qui représentent des défis qu’il faut accomplir, défis pour lesquels on rétribue la triche réussie, et on punit ceux qui se font prendre la main dans le sac.
Comme dans la vraie vie.
Dans cette version, il est donc possible, lorsque les cartes sont présentes, de tricher sur le tirage de dés ou sur le montant des loyers à payer, de jouer le pion d’un autre concurrent, de sortir de prison alors qu’on n’en a pas le droit, et même … de voler la banque !
Pourtant, j’ai arrêté d’y jouer au bout d’une partie.
D’abord, je n’ai jamais aimé le Monopoly, avec ses parties interminables, ponctuées de longues attentes durant lesquelles on regarde les autres jouer, passivement. De plus, optimiste et généreux comme je le suis, j’ai toujours pris de sérieuses raclées de la part de joueurs plus motivés, plus pingres ou moins enclins à aider leurs prochains. Et ce n’est pas quarante plus tard que je vais changer de stratégie.
De plus, j’ai horreur de la triche et des tricheurs. Quel intérêt y a-t-il à jouer à un jeu, si c’est pour y gagner en trichant? Autant lire d’emblée la fin d’un roman ou regarder le dernier épisode d’une série avant les autres.
Rajoutons à cela qu’un jeu est censé, selon mes principes, avoir des vertus éducatives, et aider les enfants à développer des compétences utiles dans leur future vie en société. Et qu’un jeu qui ne pousse qu’à tricher et ne pas se faire prendre n’aura, j’en suis certain, qu’une mauvaise influence sur ceux qui s’y adonnent.
Bref, ce Monopoly va rapidement disparaître de chez moi.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Et en plus le graphisme est hideux.