Un golfe peut en cacher un autre
Il y a des conflits dont on n’entend peu ou presque pas parler de ce côté-ci de la planète. Et pourtant, leur portée, parfois plus sémantique qu’autre chose, n’est pas si négligeable. Merci donc à l’hebdomadaire The Economist d’évoquer la guéguerre qui oppose l’Iran à ses voisins arabes, atour de la dénomination du golf dont les eaux baignent les côtes : Arabie saoudite, Irak, Koweit entre autres.
Pour les iraniens, le nom de cette petite bande d’eau pas très profonde ne peut être que Golfe persique. Les écrits les plus anciens en témoignent, et les iraniens revendiquent cette dénomination depuis l’époque de Darius, excusez du peu ! Mais les adversaires de nos amis iraniens voudraient, eux, qu’on adopte un autre nom : Golfe arabique. Au prétexte que les pays qui délimitent ce golfe sont, pour leur majorité, des pays arabes.
Que pense Google ?
Arabique contre persique, qui va trancher le débat ? On peut s’en référer à Google Maps, qui ne l’a pas vraiment tranché, conservant le nom de Golfe persique, puisqu’il existe de l’autre côté du détroit d’Ormuz, une mer d’Arabie.
En revanche, du côté du Larousse, on ne s’embarrasse pas de principes, avec une double dénomination : golfe persique parfois appelé golfe arabo-persique, tout simplement. On en sait jamais de quel côté va pencher la balance, n’est-ce pas.
Pourtant, Google Trends, lui, est clair : nonobstant quelques tentatives comme celle relatée par l’article de The Economist, le nom majoritairement utilisé est Golfe persique.
On s’aperçoit néanmoins que le changement de dénomination se produit dans certains pays, et non d’autres. Allez savoir pourquoi…
L’histoire, quant à elle, retiendra qu’à plusieurs reprises, lors de la guerre Iran-Irak ou lors de l’invasion du Koweit par son voisin irakien, on a qualifié les conflits qui opposaient des états de la région de guerre du Golfe. L’Iran aurait dû manifester sa désapprobation dès cette époque…
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec