Trump privé de Twitter ou Twitter privé de Trump ?
C’est la conséquence directe des événements de la semaine passée au Capitole : le président américain sortant, Donald Trump, est désormais persona non grata sur les réseaux sociaux. Plus précisément, ses principaux comptes, sur Twitter et Facebook, ont été suspendus, au moins jusqu’au 20 janvier prochain et la prise de fonction de Joe Biden, en raison du risque d’insurrection que représentaient ses derniers propos, d’ailleurs eux aussi censurés, sur ces plateformes.
Pan sur les doigts !
Plus qu’une procédure d’impeachment, cette décision unilatérale, prise par des entreprises américaines, marque la fin d’une époque. Celle où Donald Trump, du haut de ses 88 millions d’abonnés (dont une bonne proportion de fake), régnait sans égal sur l’univers des réseaux sociaux politiques. Il en avait presque fait sa marque de fabrique, son atout principal. Si Obama avait été un précurseur en matière de communication digitale, Trump s’était imposé comme le maestro incontesté de la communication politique à coups de 288 caractères. Ses prises de paroles incessantes, depuis la Maison-Blanche, un de ses hôtels ou même Air Force One, lui permettaient d’imposer le rythme qu’il souhaitait à ses interlocuteurs, prenant parfois au dépourvu sa propre administration.
Trump aurait, dit-on, menacé d’ouvrir sa propre plateforme. Une sorte de Twitter bis, dédié à ses amis et à ses idées ? Pourquoi pas, après tout, les coûts de fonctionnement ne seraient pas les mêmes que pour Twitter, s’il restreint le nombre de compte à quelques milliers. Cela s’apparenterait plus à un blog qu’à un réseau social, mais on pourrait comprendre ce type de décision, même si à titre personnel, je ne le souhaite guère.
Est-ce bien raisonnable ?
La décision unilatérale prise par Twitter et Facebook relève d’un arbitraire qui les place, de facto, au-dessus des lois. On peut être étonné de voir ces entreprises suspendre le compte du président des Etats-Unis, et laisser des centaines de comptes continuer d’émettre des flots de propos racistes ou antisémites à longueur de journée. L’impact n’est certes pas le même, et la quantité de travail que cela nécessite non plus. Mais si les plateformes invoquent leur responsabilité morale pour suspendre Trump, pourquoi n’en serait-il pas de même pour suspendre d’autres comptes autrement plus intolérables ?
Les réseaux sociaux montrent, dans une telle occasion, les limites de leur modèle. Dépassées par les usages qu’elles ont elles-mêmes laissés se développer, ces entreprises, qui ne vivent principalement, rappelons-le, que d’un modèle publicitaire, n’ont toujours pas su adopter de cadre moral strict, après quinze années d’existence. Plus grave, elles ont laissé se développer ces bulles sémantiques dans lesquelles s’enferment des millions d’individus, contribuant à exacerber les haines plutôt qu’à apaiser les foules.
C’est dommage. Il y a dix ans, j’espérais bien autre chose de ces outils, qui ne restent que des outils et non une fin en soi.
Il est peut-être temps de passer à autre chose.
Mais quoi ?
Note : le compte officiel du président américain, POTUS, reste actif. Mais apparemment, Donald Trump n’en a pas reçu les codes …
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
En tous cas, Khamenei n’est pas privé de Twitter et peut continuer à affirmer qu’Israël est une tumeur cancéreuse qu’il faut éradiquer.
Twitter tolère très bien les tweets racistes des indigènes de la République et autres fascistes très dangereux. Ce deux poids deux mesures donne raison à Trump en un sens. Pour ma part j’ai toujours boycotté Twitter et Facebook que j’estime très dangereux et dirigés par des individus malhonnêtes.