Trêve des confiseurs ? Non, trêve pascale
Depuis quelques mois, la France et Israel connaissent des événements d’apparence similaire : des manifestations géantes, organisées contre des réformes souhaitées par le gouvernement en place, au grand dam d’une partie significative de la population. Réforme des retraites d’un côté, réforme judiciaire de l’autre, quiconque a des amis des deux côtés de la Méditerranée a pu voir fleurir, lors de discussions souvent animées ou sur les réseaux sociaux, les arguments en faveur de ces réformes, ou farouchement opposés à celles-ci.
Des deux côtés, c’est au nom des idéaux de gauche que la colère s’est mise à gronder. Certes, le terme gauche ne signifie pas tout à fait la même chose en France et en Israel : la gauche mélenchoniste que nous connaissons ici n’a pas grand chose à voir avec la gauche high-tech israélienne… Des deux côtés, le gouvernement, ou plutôt le dirigeant en place, a été accusé de trahir la démocratie : par un usage abusif du 49.3 ou par la volonté de réduire au silence toute forme de contre-pouvoir. Des deux côtés, on a réclamé le départ du dirigeant en place, Macron d’un côté, Bibi de l’autre. Des deux côtés aussi, le dirigeant en place a contemplé, avec une forme de dédain, les manifestations toujours plus imposantes.
Puis soudain, patatras ! Un de ces deux dirigeants a cédé, et ce n’est pas celui qui semblait le plus souple. C’est bien en Israel qu’un geste d’ouverture est apparu en premier : Binyamin Netanyahou a annoncé, il y a une semaine, mettre en pause la réforme de la justice. Pourtant, la colère ne s’est pas calmée, et les manifestations se poursuivent. Pourquoi donc ?
Parce que ce qu’a proposé Bibi, ce n’est pas une annulation pure et simple de la réforme annoncée, mais un simple report de son vote. Une pause, bien venue pendant la période de fête qui démarre en Israel et dans les foyers juifs un peu partout dans le monde. C’est en effet Pessah qui arrive, la fête de Pâques. En Israel, cette période se caractérise par un break de deux semaines, durant lequel nombre d’israéliens partent en vacances, à l’étranger pour certains. Et durant lequel les juifs religieux cessent toute activité séculaire.
Autrement dit, il s’agit d’une période similaire la « trêve des confiseurs », que les parlementaires et bien d’autres professions respectent, en France, entre Noel et le Jour de l’An.
Et on sait bien qu’après la trêve…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec