Tony Hsieh

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Tony Hsieh n’était pas très connu du grand public en France, mais sa célébrité aux Etats-Unis, et dans l’univers des start-up en particulier, était réelle. Dirigeant emblématique de Zappos, il est décédé des suites de ses blessures dans un incendie qui s’est produit il y a quelques jours, chez une de ses anciennes employées auprès de qui il se trouvait.

Le site Zappos.com, dans son look de la fin des années 2007…

Hsieh et Zappos

Tony Hsieh n’était pas le fondateur de Zappos. Le site de vente en ligne a été imaginé et lancé par un entrepreneur visionnaire, Nick Swinmurn. Hsieh n’est entré chez Zappos que par le bais d’un investissement audacieux, réalisé avec son partenaire Alfred Lin, comme le relate Brad Stone dans The everything store. Hsieh avait auparavant vendu une première entreprise, un serveur de publicités en ligne appelé LinkExchange, à Microsoft, et ne voulait pas laisser mourir le concept assez dingue pour l’époque, d’un site qui permettait d’essayer des vêtements et de les renvoyer par la poste. Il en devint rapidement le CEO, déplaça son siège à Las Vegas – probablement pour pouvoir facilement assumer sa seconde passion, le poker.

Brad Stone explique que comme Amazon, Zappos était une entreprise qui ne cessait d’innover et de développer ce qui deviendrait, pour beaucoup, les standards du commerce en ligne. Sauf que chez Zappos, tout était conçu de manière bien plus originale. Adepte de l’holacratie, Hsieh n’avait pas son pareil pour inventer des modes de management originaux. Brad Stone raconte, par exemple, un mécanisme de gestion des RH assez dingue, mis en place par Tony Hsieh : chaque nouvelle recrue se voyait offrir un montant de 1000 dollars s’ils quittaient la première semaine. De la sorte, disait-il, il s’assurait de ne garder que les meilleurs, ceux qui ne se contentent pas de peu…

Zappos et Amazon

Jeff Bezos a rapidement compris que Zappos pouvait devenir un adversaire dangereux, et dès 2006, s’tait rapproché de Hsieh pour lui proposer de racheter l’entreprise, dont les revenus ne cessaient de croître de manière vertigineuse. Après un premier refus, Bezos, selon Brad Stone, décida de monter un site dédié à la vente de chaussures, plus sophistiquée que ce que permettait de faire Amazon à l’époque. C’est ainsi que Endless.com vit le jour, avec des pratiques de vente à perte comme seul Amazon peut se le permettre, pour croître rapidement et rattraper le retard sur Zappos, qui arrivait en 2008 à 1Md$ de CA. Mais contrairement aux attentes de Bezos, Endless.com patina, et ne réussit pas à atteindre les objectifs ambitieux fixés par son boss.

Que faire ?

La crise de 2008 vint mettre un terme à la course entre les deux entreprises. Avec un stock qui représentait 10% de son chiffre d’affaires, Zappos était en mauvaise posture pour financer sa dette, et avec la stagnation des ventes suite au marasme économique de cette époque là, la solution d’une fusion avec Amazon devint plus que séduisante aux yeux de Tony Hsieh.

Amazon fit rapidement l’acquisition de Zappos pour un montant estimé à 900 millions de dollars, après avoir dépensé le sixième de cette somme pour développer un site, endless.com, qui finit par disparaître rapidement.

De cette histoire, on peut tirer plusieurs conclusions, qu’il est bon d’évoquer en ces temps où il est devenu de bon ton de critiquer Amazon à tout va. Le premier, c’est qu’Amazon ne s’est pas fait en un jour, n’a pas toujours été le plus fort dans son domaine, et que la compétition a été rude. Le second, c’est que des idées brillantes et originales peuvent encore être inventées, au 21ème siècle, dans des domaines aussi balisés que la conduite d’une entreprise. La troisième, enfin, c’est que le meilleur moyen de progresser, c’est de se frotter à des adversaires de talent.

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