Thèse, antithèse, foutaise!
Les français sont non seulement de grands râleurs, mais aussi de grands pessimistes. Ce n’est pas moi qui le dit, mais c’est ce que constatent depuis quelques années les études menées sur le sujet comme celle-ci ou celle-là.
Au-delà de la crise que nous traversons depuis plus de six ans, et à laquelle d’autres pays européens se sont finalement assez bien habitués, d’où nous vient cette propension à toujours voir le mauvais côté des choses? Lors d’une de nos discussions à bâtons rompus, Caroline a suggéré une piste originale pour ce pessimisme d’envergure nationale: notre goût viscéral pour la dialectique.
Souvenez-vous, c’était probablement il y a quelques années, sur les bancs du lycée, on vous enseignait l’art du « plan dialectique », basé sur une construction qui manque singulièrement d’originalité, et qui veut que tous nos discours prennent la même forme depuis des décennies: thèse-antithèse-synthèse.
Une bonne dissertation doit prendre position et étayer la thèse soutenue. Un plan thèse antithèse synthèse n’aboutit pas à cela mais laisse une réponse mitigée « oui/non/peut-être » insuffisante dans l’enseignement d’aujourd’hui. — (Wikipédia)
Cet art de la bonne dissertation, et bien nous le poussons jusqu’au bout, jusqu’à « hardcoder » notre propre réflexion sur cette organisation clé: le oui / non / peut-être. Que dit-il? Que tout propos peut être contredit, et qu’au final, on n’en sait fichtre trop rien. Le doute Cartésien érigé comme dogme à l’échelle d’un pays, la contradiction injectée au biberon dès la naissance, le droit absolu à l anégation, voici ce que nous vaut aujourd’hui le fameux plan dialectique.
Le résultat de cette approche, c’est qu’on ne peut se satisfaire d’une seule approche, d’un seul point devue, quelle que soit la teneur du message, positive, ou négative. C’est que toute bonne nouvelle doit être balancée par une autre d’au moins la même amplitude. C’est que pour faire face à l’optimisme de certains, il faut opposer une bonne dose de pessimisme.
N’allez pas chercher plus loin. Tant que nos concitoyens continueront à penser que la négation d’une hypothèse a au moins autant de valeur que son énoncé, nous tournerons en rond au lieu d’aller tout droit.
Thèse, antithèse, foutaise?
PS: cet article n’est qu’une hypothèse. Je n’en formulerai pas d’énoncé contradictoire, pour en respecter l’esprit. D’autres s’y emploieront probablement, à bon escient.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je ne suis pas d’accord avec Wikipédia !
On peut très bien faire trois parties et soutenir une thèse forte Un exemple réducteur et caricatural :
Thèse : les néolibéraux ne croient qu’à la libre entreprise et au « moins d’État ».
Antithèse : ils ont besoin d’une main d’œuvre qualifiée et en bonne santé, d’infrastructures de qualité, etc. Ils prônent la socialisation des pertes et la privatisation des profits.
Synthèse : L’application de ces principes conduit dans le mur !
Aussi : l’État doit être géré comme par un bon père de famille sauf que précisément c’est très différent, le déficit structurel peut être un moyen très malin pour le « bien commun » comme l’on écrit dans un rapport de mer bien fait !
Maritimement votre !
Le commandant.
Pour argumenter de façon valable, encore faut-il être cohérent dans ses prémices : Dire que les libéraux sont pour la socialisation des pertes est un contre-sens total de la pensée libérale, celle-ci limitant le rôle de l’état à la sécurité et à la justice, tout les libéraux sont farouchement opposés à la confiscation de biens privés par la fiscalité, pour garantir des privilèges (banques, syndicats, professions protégées, entreprises …).
C’est quand l’état veut tout controler, qu’il favorise certains au détriment de tous.
Donc pour reprendre votre démonstration :
Les libéraux ne croient qu’à la libre entreprise et au moins d’état.
Ils ont besoins d’une mains d’oeuvre composer d’hommes libres et ayant acquis des formations diverses etadaptées à chacun, donc dispensées par des écoles libres et indépendantes (pour rappel, ce sont les libéraux qui ont réclamer une école libre et gratuite, avant que les socialistes en fassent u monopole de propagande d’état).
Il prônent un maché libre, où chacun assume ses responsabilités, positives et négatives.
Synthèse, c’est ce système qui a fait éclore une zone de création extraordinaire de richesse dans une petite partie du monde: l’Europe du XVIIIème siècle. C’est la fin des politiques réellement libérales depuis la première guerre mondiale, qui a fait perdre à la France son leadership économique.
Bravo pour ce site. Le partage de connaissances libre est aussi une belle idée libérale. Wikipedia en est une autre brillante démonstration.
Touché mais pas coulé !
Le commandant
Le pessimisme ambiant est-il typiquement français ? Lorsque je regarde ce qui se passe ailleurs dans le monde, je ne vois rien de bien glorieux. Dans bien des contrées les extrêmes croissent, d’ailleurs.
La dépression a quelque-chose de sain. C’est une période de remise en cause. Il me semble que c’est ce que vit le monde actuellement. Plus aucun modèle ne semble fonctionner et ce que nous voyons n’est pas très agréable. Où aller ? Phase « d’anomie ».
Ma contribution au moral national : http://www.journaldunet.com/economie/expert/57259/quels-modeles-pour-la-france.shtml
Je salut l’humour du commandant.
« Tout était mieux quand c’était pire parce qu’alors les gens pouvaient avoir d’heureuses surprises. De nos jours, nous les citoyens industrialisés, nous attendons la perfection – au mieux le truc est aussi bien que vous l’espériez. Vous ne serez jamais agréablement surpris. car vos attentes crevent le plafond. Le secret du bonheur – ce pour quoi vous êtes venus – c’est d’avoir de faibles attentes.” Sheena Iyengar lors de sa conférence TED de novembre 2011, et repris par « Neuromonaco ».