The Interview
Un des plus grands studio de cinéma produit une parodie d’un dictateur légèrement décadent. En guise de représailles, un groupe de hackers s’empare des sites internet et du système d’information du studio en question, livrant au public non seulement les versions numériques de ses prochains films, mais révélant également au passage les conversations privées de milliers de salariés du studio. Cela ferait un sacrément bon scénario pour film, dans la série des « Mission impossible » ou autres « James Bond ». Hélas, ceci n’est pas un scénario, mais la triste réalité. Le studio se nomme Sony Pictures, la parodie incriminée se nomme The Interview, et le dictateur en question dirige d’une main de fer la Corée du Nord…
L’histoire fait la une des journaux depuis plusieurs semaines. Le film, produit par Columbia Pictures, filiale de Sony, devait sortir initialement en octobre, puis fut repoussé au 25 décembre en raison d’une première série de menaces. Le 24 novembre dernier, les salariés de Sony voyaient leurs ordinateurs piratés, avec le message suivant à l’écran.
Depuis, les menaces se sont précisées, contre les salariés de Sony Pictures, leurs dirigeants et plus globalement tous les cinémas qui envisageraient de le diffuser. La maison de production a décidé d’annuler sa sortie, avant de réfléchir à d’autres moyens de diffusion. Il est peu probable que Netflix prenne le risque de se prêter au jeu, Sony devra peut-être développer son propre système de streaming payant pour cela.
C’est dommage pour le film, qui s’annonçait aussi déjanté que de précédents films ayant dénoncé les dictatures de leur époque, sous la forme de parodies. On pense, bien entendu, aux deux éditions du Dictateur, celle de Chaplin et celle de Sacha Baron Cohen.
C’est sans doute la première fois qu’un état s’en prend directement à un studio cinématographique. D’autres films ont provoqué, par le passé, des campagnes plus ou moins agressives d’individus ou de mouvements qui s’opposaient à leur sortie, mais il s’agissait dans la plupart des cas de films à portée politique ou religieuse. La reculade du studio Sony peut paraître inquiétante: peut-on céder aux menaces de « cyber-terroristes » à la première alerte? Quel message souhaitons-nous donner aux auteurs et à la liberté d’expression? Plus qu’une menace industrielle, c’est une véritable menace contre la liberté de penser dans le monde libre.
En guise de soutien aux réalisateurs du film, en attendant sa diffusion, je vous livre ci-après l’interview originale que Randall Park, l’interprète de Kim Jong-Un a accordé à Joel Stein de Time, il y a quelques semaines.
Randall Park knew his role would be tough, but he didn’t expect death threats
Randall Park plays Kim Jong Un in the interview, out Dec. 25, in which the CIA tasks journalists James Franco and Seth Rogen with killing the North Korean dictator. North Korea issued a statement promising a “decisive and merciless countermeasure,” so Time asked Park the obvious question.
Are you insane?
Yes. A little bit. I’m also superpsyched about being part of this movie. But yeah …
Why did you decide to gain a lot of weight instead of wearing a fat suit? This isn’t like Robert De Niro playing a boxer in Raging Bull. You won’t get an Oscar for this.
We don’t know that yet. They were going to put prosthetics on me. But they did a camera test a week before my first day of shooting, and they wanted more realism. So I had a week to put on the weight.
Rice balls?
Doughnuts.
How many doughnuts a day?
I lost count. It was doughnuts and hot dogs. I had the time of my life. I gained 7 lb. that week, and three weeks after that I got up to 15 lb.
You could never gain that much weight on Korean food, right?
No. Korean food is too healthy. It had to be American food.
That scene where you get to smash everything looked pretty fun.
I’m always surprised when producers are O.K. with me destroying a set. We only had one take. We didn’t have backups.
What was worse off set: the weight or the haircut?
The haircut, for sure. I wore hats constantly. I’d be standing there sweating inside some nice warm house with this Holden Caulfield hat on.
What did your wife think of the haircut?
She was happy when the movie was done.
Did she withhold marital relations until you finished shooting?
Uh … no. No. Of course not. I don’t know why I had to think about that. She liked the Holden Caulfield hat, so it all worked out.
This appears in the December 1, 2014 issue of TIME.
The Interview, film américain réalisé par Evan Goldberg et Seth Rogen. Date de sortie indéterminée…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Et si ce n’était pas la Corée du Nord qui était dans le coup ?
Ce qui me fait dire cela est l’exploitation des données piratées, qui semble remarquablement bien connaître les us et coutumes d’Hollywood et de la Silicon Valley.
Mécanisme simple : quelqu’un de l’intérieur en veut à Sony. En utilisant l’ombrelle coréenne, il va pouvoir se venger en toute impunité. Et la Corée du Nord est enchantée.
Peut-être faux. Mais, en tout cas, cela pourrait donner des idées à beaucoup de gens. Y compris aux scénaristes d’Hollywood !
Tu tiens le scénario de la deuxième partie du film, celle où intervient Kevin Costner 🙂