Terre minus, tout le monde descend !

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L’été, les journalistes font leurs choux gras avec trois types d’infos: la météo des plages, le retour de la canicule, et la découverte d’une exoplanète. Et vous vous doutez bien que le commun des mortels se contre-fout des deux premières catégories, alors que la troisième le passionne. Il faut dire qu’exoplanète c’est nettement plus sexy que « bout de rocher froid et lugubre en orbite à trois milliards d’années-lumière ».

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Credits: NASA/JPL-Caltech/T. Pyle

A mon avis, vous allez en bouffer, de l’exoplanète. D’abord, parce qu’elle a un joli nom. Ces salopards du marketing, à la NASA – oui, ils font du marketing même à la NASA – l’ont prénommée Kepler-452b, du nom du programme Kepler et du télescope éponyme qui a permis de faire sa découverte.

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Job de rêve: responsable social media à la NASA

Ensuite, parce qu’elle a tout pour plaire, cette chienne d’exoplanète. Tenez-vous bien: elle décrit son orbite dans une zone dite « habitable », elle est à peine 60% plus grosse que notre bonne vieille terre (un petit régime, et on n’en parle plus), elle fait le tour de son soleil en 385 jours, soit une année juive de 13 mois, le truc idéal pour que Kippour et Pessah tombent chaque année à la même date.

Rajoutons à cela que Kepler-452b est plutôt jeune avec ses 6 milliards d’année – 6, comme les 6 jours de la création, hein? – qu’il y fait la même température que chez nous selon la NASA (oui, mais chez nous, c’est aussi bien Kuala Lumpur que Mexico ou Stockholm), et qu’elle est probablement « rocky » selon la NASA, ce qui voudrait dire que oui, on pourrait y habiter à pieds secs. Vous me suivez?

Oui, oui, c’est bien ça. Ils veulent nous expédier là-bas. Sur une planète où on ne sait même pas si les voitures roulent au super ou au gasoil, si le WiFi est disponible partout, s’ils ont dézingué tous les méchants qui chez nous s’en donnent encore à coeur joie, et si on peut y trouver des bananes!

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Ajoutons à cela que malgré toutes ces informations fournies sur Kepler-452b, la NASA ne dispose d’aucune photo un tant soit peu précise de cet objet céleste situé à … à … 1400 années-lumière de la terre. Soit environ 13 200 000 000 000 000 de kms. Je suis sûr que la moitié d’entre vous ne sait même pas comment un tel nombre se prononce (13 millions deux cent mille milliards de kilomètres…)! Même les photos que vous voyez sont en fait des dessins d’artiste…

On comprend mieux maintenant. Souvenez-vous ce que je disais au début de cet article. En été, les journalistes parlent de plages, de canicule, et d’exoplanètes. Et pourquoi nous parlent-ils d’exoplanètes? Pour que nous retrouvions ce brin de poésie qui nous fait tant défaut. Pour que nous levions les yeux et contemplions le ciel étoilé des belles soirées d’été. Pour que nous sortions du Grexit et de la morosité, pour mettre un peu de passion dans nos pensées.

Bref, l’exoplanète, c’est le marronnier de l’été version NASA.

Dans tout cela, il n’y a qu’une seule chose qui me chagrine: chaque année, l’exoplanète qui fait la une de nos quotidiens estivaux est un peu plus proche que la précédente.

Peut-être qu’un jour, ils finiront par en trouver une vraiment proche de nous?…

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(1) Petite précision toujours utile: on appelle exoplanète une planète qui se situe en dehors du système solaire. Une planète pas de chez nous, en quelque sorte.

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