Terminator X : des robots contre des singes ?
Dans la famille des films d’anticipation effrayants qui prédisent un avenir bien sombre à l’espèce humaine, deux films me semblent tenir le haut du pavé : La planète des singes et Terminator. Le premier film, tiré du roman éponyme de Pierre Boulle, raconte l’essor d’une civilisation simiesque, qui renverse l’hégémonie d’Homo sapiens suite à une expérience permettant à un de ces singes de s’approprier le savoir humain. Le second raconte comment une armée de robots prend le pouvoir, grâce à l’essor de technologies capables de fonctionner sans apport humain. Tous les deux, finalement, racontent comment les Hommes, infiniment moins prudents qu’on ne l’imagine, finissent par être dépassés par des créatures qu’on ne pensait ne jamais devoir craindre.
Terminator 1 – Cornelius 0
Avec le récent regain d’intérêt pour l’IA depuis une petite décennie, et les avancés prodigieuses réalisées par les LLM et l’IA générative depuis deux ou trois ans, le second scénario a pris une longueur d’avance sur le premier. Qui plus est, l’intégration entre la robotique et les LLM semble à portée de main, et je ne serais pas surpris de voir apparaître des robots capables de tenir une discussion ou réaliser des tâches ménagères « de faible intensité » d’ici une dizaine d’années.
Mais au-delà des usages domestiques, c’est cependant du côté des usages militaires que se fera plus probablement la convergence entre ces deux domaines. Nul ne sait quelle orientation prendront alors les entreprises engagées dans cette voie. Resteront-elles sur des usages somme toute limités, ou donneront-elles de plus en plus de pouvoir à leurs créatures, au risque de les voir leur échapper ? L’avènement d’un scénario à la Terminator, s’il reste encore complètement fantaisiste, pourrait alors devenir de plus en plus vraisemblable au fur et à mesure que l’autonomie de tels engins évoluera.
Cornelius 1 – Terminator 0
Pendant que nos amis robots font d’énormes progrès, d’ingénieux ingénieurs se sont lancés sur une toute autre voie : utiliser les techniques d’apprentissage employées pour concevoir des LLM, afin de comprendre le langage utilisé par certaines espèces animales. En commençant par les chiens – c’est probablement plus sage que de commencer par les singes.
En soi, ce type de projet n’a rien de stupide. Finalement, apprendre une langue, c’est apprendre sa grammaire et son vocabulaire comme un enfant en bas âge le ferait, par la pratique et les usages. Donc pour apprendre à parler chien ou chat, une approche principalement statistique comme celle des LLM semble un excellent début…
Est-ce que ce type de projet peut aboutir ? Je n’en sais rien, mais si ces savants fous parviennent à créer un Chien-GPT – désolé, il fallait bien le placer là – rien ne les empêchera alors de créer un traducteur permettant de passer d’une langue animale à autre langue animale – du langage des chiens à celui des vaches ou des moutons – ou même, à une langue humaine. Nous pourrions ainsi comprendre ce que nous disent nos amis les bêtes (passe moi la boulette, pas celle-là, l’autre ! tiens je t’ai apporté ton journal et tes charentaises ! dis, tu me laisses pisser contre ta voiture ?) et vice-versa, nos animaux de compagnie pourront enfin comprendre ce qu’on leur dit (assis ! couché ! donne la papatte ! descends du lit ! sors immédiatement de la cuisine !)
C’est alors que risqueront de se poser de sérieux problèmes. Car lorsque nos animaux nous comprendront, et comprendront quel rôle ils tiennent, voudront-ils continuer à jouer le jeu ? Ou finiront-il comme Cornelius, Zira et leurs amis, par envisager une révolution contre l’exploitation que nous menons depuis plusieurs millénaires ?
Un partout la balle au centre
Bref, entre robots et animaux, notre avenir semble mal barré. Mais cela, les films de science-fiction nous l’avaient déjà prédit.
Le seul scénario qui manque finalement, c’est le match ultime.
Robots contre Singes.
Il ne nous restera encore alors plus qu’un seul rôle à jouer.
Celui d’arbitre.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec