Téhéran (série)
Pour lutter contre le développement d’une force de frappe nucléaire chez ses ennemis, Israel est prêt à tout. Cela a déjà été démontré dans les faits, en 1981 lors du bombardement de la centrale Osirak en Irak, ou lors du sabotage par un virus informatique des centrifugeuses du programme nucléaire en Iran. La lutte contre le programme nucléaire militaire iranien fait l’objet d’une mini-série diffusée sur Apple TV+, d’une duré de 8 épisodes de 45 minutes chacun (donc 6 heures de télévision, quand même…).
Nous voici donc plongé, dès le premier épisode, dans l’opération qui consiste à expédier un agent du Mossad, formé au sein de l’unité 8200 de Tsahal, et chargée d’ouvrir une faille dans le système informatique de la compagnie d’électricité, en plein coeur de Téhéran. En effet, ce système informatique servant d’infrastructure de backup à des applications du réseau informatique de l’armée, il constitue une faille qui, une fois exploitée, permettrait de tromper les radars militaires autour de la centrale iranienne, et aux F-15 israéliens de passer sans encombre le système de défense pour atteindre leur objectif.
Vous avez suivi jusque là ? Ce n’est pas compliqué ?
Sauf que le projet part en vrille dès le premier épisode. L’agent chargé d’ouvrir la brèche n’a pas le temps de rester connectée suffisamment longtemps pour que les unités spécialisées de Tsahal installent les leurres nécessaires. Identifié par les services secrets iraniens, l’agent israélien doit errer dans Téhéran à la recherche d’un abri, de secours, et de soutiens éventuels.
L’intrigue est sympa. Mais la réalisation est … pour le moins inégale.
Passons sur les décors répétitifs, à croire que Téhéran ne disposerait que d’un seul parc où se déroulent tous les rendez-vous. Passons sur l’ambulance parisienne (une scène s’y déroule pour les besoins de l’intrigue) jaune (!), garée à côté d’une benne tout droit sortie des faubourgs de Tel-Aviv. Que dire de la restitution des quarties de Téhéran, à part la sempiternelle vue avec les montagnes dans le décor… Passons sur le vol Istanbul-Teheran (3 heures en temps normal) qui se déroule plus vite que le trajet base-aérienne-secrète-des-F-15-de-l’armée-del’air-israélienne-Téhéran, passons sur plein de choses qui font que cette série s’apparente plus à un épisode mal ficelé des Experts (et encore, c’est pas si mal, les Experts, parfois).
En revanche, sans dévoiler l’intrigue ni spoiler, je peux vous dire que la série est loin de glorifier les services secrets israéliens au détriment du régime iranien. Chacun a droit à sa part de zone d’ombre et de lumière..
Les séries israéliennes sont à la mode. Mais toutes ne sont pas aussi bien ficelées qu’elles ne le laisse croire. À force de distiller le même cocktail armée-sexe-drogue-krav-maga, ces séries finissent par tourner en rond, lorsque le scenario manque de finesse. Avec Téhéran, comme avec When Heroes flies, On est loin de la violence sourde de Fauda, ou du charme désuet et de l’humour tragique de Hatoufim.
Bref, si vous avez raté Téhéran, ne vous inquiétez pas, vous n’avez pas raté grand chose.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec