T’auras du galon mon garçon!
J’ai le plaisir d’accueillir ce matin Serge Delwasse, qui me fait l’honneur de publier sur ce blog un article très instructif sur l’uniforme des polytechniciens, et les galons qui l’ornaient autrefois. Serge est un dirigeant d’entreprises expérimenté, et un grand connaisseur de l’histoire et des traditions de l’X.
Serge, c’est à toi! — Hervé
T’auras du galon mon garçon!
L’uniforme de l’Ecole Polytechnique, le Grand U comme on disait jusque dans les années 70, le GU (prononcer « guë » comme dans « contiguë ») depuis, n’a quasiment pas évolué depuis le milieu du XIXème siècle. A contrario, le sort des galons qui ornent, ou n’ornent pas ses manches, a lui subi plusieurs changements de politique
Dans une école militaire, la hiérarchie se voit sur les manches
A sa militarisation en 1804, puis sa remilitarisation sous la restauration, l’organisation de l’école était… militaire. C’est ainsi que les 50 premiers du concours, chefs de kazers (caserts), étaient nommés sergents. Ils portaient donc sur leur uniforme – dont il ne faut pas oublier que c’est, dès l’origine, un uniforme de sous-officier – l’insigne de leur grade. Le premier du concours était lui nommé sergent-… major ! C’est, nous semble-t-il là l’origine du terme major pour désigner, chaque année, le plus doué d’entre nous. Il portait donc les deux galons en diagonale. A cette époque, point de sergent PDL, ADL, et encore moins de sergent-chef ; les plus anciens d’entre nous, qui ont encore connu les vieux sergents-majors à quatre chevrons, me comprendront. On peut ainsi voir Arago recevant le drapeau de l’Ecole des mains de Napoléon, ou, plus près de nous, Poincaré en 1873.
Un élève-officier, ça doit se voir !
A la fin du XIXème siècle, il se passa un phénomène intéressant, probable conséquence de la généralisation des classes préparatoires, et donc du vieillissement des élèves : en effet, on ne gère pas une école de « gamins de 16 ans » comme une école de jeunes hommes de 18, dont la quasi-totalité deviendra, de surcroît, officier des armes. C’est en effet, jusqu’en 1914, la période « guerrière » de l’X. Cette dé-hiérarchisation des élèves – le terme de crotale apparaît à cette époque pour remplacer celui de serpent – se retrouve sur la tenue, identique pour tous. A l’aube de la Grande Guerre, en 1908 on dote les élèves des écoles militaires de galons d’élèves-officiers, les alphas blancs ornée d’un liseré rouge, qui resteront en vigueur sur la tenue d’arme des étrangers jusque dans les années 90, et qui, sous forme de passants d’épaules, sont encore distribués aux X à l’intégration pour mettre une touche de couleur sur leur treillis.
Une version dorée de ces alphas, correspondant au grade d’aspirant, a été mise en service, probablement en 1919, puis ré-instaurée en 1945, ainsi que l’écrit le Général Brisac, commandant l’Ecole, au Ministre de la Guerre – le lecteur attentif notera d’ailleurs deux points intéressants :
- Le papier à en-tête utilisé, signe des temps de disette dans l’immédiat après-guerre
- Les préoccupations hautement stratégiques du ministre en 1947…
Lettre du Général Commandant l’Ecole au Ministre
Et les vrais guerriers dans tout cela ?
Un certain nombre d’élèves sont revenus à l’Ecole après avoir fait la guerre, la première comme la seconde. Si Marcel Langer, Compagnon de la Libération, portait sa tenue de commandant d’aviation – il faut dire que, promotion 38, il avait près de 30 ans, ce qui est un peu âgé pour porter une tenue d’élève, Comolli (42) et Schrumpf (43) portaient tous deux une tenue d’élève galonnée en lieutenant et sous-lieutenant.
Ce choix n’est pas nouveau puisque c’est le même qui avait été fait en 1919, lors du retour du GU. L’auteur de ces lignes détient une tunique portant des galons de sous-lieutenant sous forme de petite barrette – la discrétion… – de 3 cm de long. A l’époque, le galonnage dépendait des armées, des armes et des tenues. Cette variété se retrouve dans le galonnage du GU. Par exemple, celui tout à gauche des gardes au drapeau de la 1919S porte son galon de sous-lieutenant sous forme de fer de lance, comme le service de l’air le faisait à l’époque.
La garde au drapeau 1919
Le retour à l’uniformisation ?
Il semblerait que la requête du Général Brisac n’ait pas été prise en compte : depuis la promotion 47, les X ont de nouveau perdu tout insigne de grade sur leur uniforme. Même si cela peut provoquer quelques malentendus (ainsi, l’auteur de ces lignes, se rendant en voiture au Bal à l’Ecole Royale Militaire de Bruxelles accompagné d’un élève de ladite ERM, s’entendit dire « vous déposez le lieutenant et vous pouvez aller l’attendre sur le parking »), cette évolution est cohérente avec l’évolution profonde du GU, qui, d’une tenue militaire de l’Ecole, est devenu la tenue des élèves. Nul doute qu’un jour, d’ailleurs, les dits élèves légiféreront pour mettre un terme à l’inflation de médailles de la défense nationale, de pucelles et autre « pin’s » qui n’apportent pas grand-chose…
Serge Delwasse, juin 2013
L’auteur renouvelle ses remerciements à Olivier Azzola pour son aide dans la réunion de la documentation.
Il remercie également ses relecteurs anonymes mais ô combien précieux
Il remercie enfin son hébergeur pas anonyme du tout.
Il rappelle par ailleurs qu’il n’est pas détenteur des droits sur les photographies reproduites, mais qu’il pense que vu l’usage qu’il en fait, on ne lui en voudra pas.
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A heavy weather skipper
Bon le site s'appelle Kablages avec un K donc ça fera surement jaser les journalistes, mais bon…
merci pour le partage 🙂 Le K en question n'a rien à voir avec celui cité dans le Canard de la semaine…
vas donc expliquer qu'un K n'est qu'un K et que ça ne pourrait être qu'un K…
Un K ça va, c'est quand ils sont plusieurs que ça pose problème.
Je suis perdu avec mon prénom donc?
Bon le site s'appelle Kablages avec un K donc ça fera surement jaser les journalistes, mais bon…
merci pour le partage 🙂 Le K en question n'a rien à voir avec celui cité dans le Canard de la semaine…
vas donc expliquer qu'un K n'est qu'un K et que ça ne pourrait être qu'un K…
Un K ça va, c'est quand ils sont plusieurs que ça pose problème.
L'ennui naquit un jour de l'uniforme ôté.
Tu nous chopes en une heure !
L'ennui naquit un jour de l'uniforme ôté.
je me suis aperçu que Marcel Langer, X38, Compagnon de la Libération, n'avait pas sa fiche Wikipédia, que je viens de créer (il ya avait un autre Marcel Langer résistant, donc ce ne fut pas très simple) http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Langer
Alexandre,
Merci de ton commentaire et de ton lien -que j’ai suivi… Je corrige le grade de Langer dès que je le peux.
Amitiés
Serge
je me suis aperçu que Marcel Langer, X38, Compagnon de la Libération, n'avait pas sa fiche Wikipédia, que je viens de créer (il ya avait un autre Marcel Langer résistant, donc ce ne fut pas très simple) http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Langer
Tu nous chopes en une heure !
Je suis perdu avec mon prénom donc?
Permettez moi de dire, d’écrire plutôt, que ce K n’est pas désespéré….
Un K d’école.
Nous avançons K1KA
« [l’auteur] rappelle par ailleurs qu’il n’est pas détenteur des droits sur les photographies reproduites, mais qu’il pense que vu l’usage qu’il en fait, on ne lui en voudra pas ».
Voilà qui est clair.
Mais l’auteur a-t-il seulement chercher à demander des autorisations d’usage ?
Vu l’usage fait, il est probable que les autorisations lui auraient été données de bon coeur…peut être avec un petit lien backlink vers le site dépositaire des droits.
pour notre propre backlink, nous avons préféré mettre le site « culture acte 2 »
Bonjour,
Je peux vous répondre sans hésitation
1 la photo de Poincaré est en ligne sur internet, et nombre de ses reproductions circulent, vu la notoriété du dit .K
2 les deux suivantes sont en vente, l’une sur Ebay, l’autre sur Delcampe. Je n’ai rien demandé, d’un autre côté, vu la pub que je fais pour lesdites photos, je ne vois pas pourquoi on me l’aurait refusé. Question de timing
3 La lettre du Général Brisac vient des archives de l’X. J’ai eu l’autorisation de reproduire
4 la garde au drapeau 45 est un mauvais scan de l’Histoire de l’X aux éditions Lavauzelle. Je n’ia rien demandé à personne, mais je vois pas comment on pourrait me le refuser, sachant que toute l’iconographie de cet ouvrage est tirée des archives de l’X
5 la garde au drapeau 1919 vient des archives de l’X. J’ai eu l’autorisation de reproduire.
En espérant vous avoir satisfait…
Serge,
Merci pour la réponse et pour l’intégrité intellectuelle ainsi démontrée.
Pas de souci, je ne suis pas le gendarme du Code de la propriété intellectuelle, simplement un entrepreneur dont le projet repose sur le respect du droit d’auteur en B2B.
Je reconnais volontiers que l’on a, en tant que particulier, parfois ni la volonté, ni les ressources ni le temps pour se livrer à ces demandes d’usage.
Pour une entreprise, il lui appartient de réfléchir aux risques pris pour usage abusif de propriété intellectuelle de tiers.
Sur la portée du droit d’auteur en B2B, deux articles sur Le Cercle
« La propriété intellectuelle, un lien social »
http://article28.archilogies.net
« Le copyright en BtoB, gisement d’emplois en prestation intellectuelle »
http://article68.archilogies.net
Tru
A quand un article sur la coupe de cheveux des polytechniciens? (Et sur son évolution au cours des ans…)