SVB ne répond plus
Une petite frayeur passagère est en train d’émouvoir l’univers feutré de la banque, depuis quelques jours. L’origine de cette frayeur n’est pas sans rappeler une époque pas si lointaine, il y a une quinzaine d’années : la faillite d’une banque américaine. Oh, il ne s’agit pas d’une très grosse banque, elle ne pointait qu’à la seizième position dans le classement des banques américaines par taille des actifs gérés. Mais sa spécialité est à la fois symptomatique de la période que nous traversons, et la source de tous ses problèmes.
Money, money, money
La Silicon Valley Bank – connue sous son nom abrégé : SVB – avait été créée en octobre 1983, sur une idée originale pour l’époque : gérer les fonds levés par les start-up de la Silicon Valley. La très forte expansion de ce secteur depuis quarante ans lui a permis de connaître une forte croissance, avec plus de 6000 salariés, et une présence internationale, notamment en Israel ou à Bangalore, hauts lieux de la high-tech.
Tout allait bien dans le meilleur des mondes, malgré la crise de 2008 et celle de 2020. Mieux encore, l’explosion des besoins technologiques durant la période covid, pour développer les outils de collaboration en ligne ou la vision conférence, entraîna un afflux soudain et disproportionné de liquidités vers les clients de cette banque. Souvenez-vous de la croissance incroyable de plateformes comme Zoom, il y a trois ans à peine.
Comme neige au soleil
Oui mais voilà, comme le dit l’oncle Ben, dans Spiderman, with great powers come great responsibilities. Les sommes considérables stockées virtuellement dans les coffres de la SVB devaient être placées, et la SVB a massivement investi en bons du Trésor américain. Tout allait bien, jusqu’à ce que les taux d’intérêts se remettent à croître. Les bons acquis par la SVB ont commencé à perdre de leur valeur, la banque a cherché à se recapitaliser, mais il était trop tard, certains de ses clients ont commencé à retirer leurs fonds, le cours de la SVB s’est effondré et la banque a été déposé le bilan dans la journée de vendredi.
Et comme en 2008, il se pourrait bien que la faillite d’un seul acteur ne pourrisse tout le secteur, à commencer par les sociétés de capital-risque dans la Silicon Valley, sans parler de certaines start-up qui risquent de ne pas passer l’hiver.
Piou piou
L’histoire de la SVB, c’est un peu l’histoire du petit oiseau tombé dans la neige, racontée dans cet excellent western intitulé Mon nom est personne. Recevoir de grosses quantités d’argent pendant la période covid, cela pouvait paraître un cadeau tombé du ciel. Mais en réalité, cela ne lui a pas fait du bien, puisque deux ans plus tard, la banque s’effondre, faute de n’avoir su gérer correctement son exposition à une hausse des taux.
Mal géré, le succès est aussi synonyme d’échec.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec