Space Oddity
Depuis deux ou trois ans, j’ai remarqué un truc étonnant : la réputation de Boeing est en baisse. Rien d’étonnant à cela. Après l’affaire des 737 max, la presse n’a eu de cesse de pinter du doigt les défauts d’appareils issus des usines de constructeur de ce constructeur, sans faire réellement de distinction, que le défaut incombe à Boeing, à un de ses sous-traitants ou à la compagnie aérienne chargée d’entretenir sa flotte. C’est comme ça, une fois qu’on a trahi son public, il faut des années pour regagner sa confiance. étonnamment, d’ailleurs, c’est plutôt du côté des passagers que des pilotes ou du personnel navigant, me semble-t-il, que la réputation a le plus été écornée…
Dans l’espace, personne ne vous entend crier…
Dans la catégorie des passagers effrayés, il faudra maintenant tenir compte d’une nouvelle catégorie : les astronautes. Car Boeing est un des fournisseurs historiques de la NASA. Et de nombreux engins utilisés par la NASA ont été construits avec la collaboration de Boeing, au travers de sa filiale Rockwell notamment, de la navette spatiale à la station orbitale, en passant par le véhicule chargé de transporter les astronautes vers l’ISS. Et les mésaventures des deux astronautes Butch Wilmore et Suni Williams risquent fort de laisser des traces…
Petit rappel des événements de la dernière semaine. Ces deux astronautes expérimentés, âgés respectivement de 61 et 58 ans – c’est dingue, je viens de réaliser qu’ils ont à peu près le même âge que moi, qu’est ce qu’ils sont partis faire les kakous là-haut ? – devaient passer une semaine de rêve à bord de l’ISS, pour un vol destiné essentiellement à des tests. Étaient-ils chargés de tester la fiabilité du Starliner ? Peut-être. Si c’est le cas, les résultats sont négatifs.
Car après analyse, il s’avère que Starliner n’est pas si fiable que cela, et que la sécurité de nos deux amis en cas de retour avec la-dite capsule Starliner ne serait pas assurée. Et que donc le séjour de rêve de 8 jours devraient forcément se transformer au séjour à durée indéterminée, enfin jusqu’à ce qu’on trouve un fichu moyen d’aller vous récupérer là-haut.
Bref, amis Butch et Suni, accrochez-vous au pinceau, on retire l’échelle.
Heu reu ze ment y a Elon Musk…
Heureusement, en cas de problème, il y a toujours de bons amis prêts à vous tendre la main et à vous sortir de la panade…
Le patron de Space X n’avait probablement pas besoin d’un tel coup de pub, tant il ne cesse de faire parler de lui, en long et en large, sur son réseau social préféré. Toujours est-il que l’autre pourvoyeur de bons et loyaux services de la NASA – relire à ce sujet la genèse de cette collaboration qui n’a pas été simple… ne s’est pas fait prier pour annoncer qu’il dépêcherait l’une de ses magnifiques fusées Crew Dragon pour aller chercher nos deux auto-stoppeurs, qui, ont l’espère pour eux, sont partis avec suffisamment de provisions et de rouleaux de PQ. Rappelons que des cosmonautes russes ont déjà connu ce type de souci parle passé, et il n’y a pas si longtemps que cela. Mais ce sont des Russes…
Sale temps pour Boeing
En revanche, pour Boeing, les nouvelles ne sont pas bonnes. Déjà plantés avec des problèmes sur leurs programme civil, voici que leur programme spatial connaît des ratées. Espérons que le programme militaire, lui, ne connaîsse pas de telles avanies.
Faudrait pas qu’un missile balistique décide de jouer les filles de l’air en mode autonome Car en pareil cas, il nest pas sûr qu’Elon Musk puisse réparer les dégâts dans les délais souhaités…
Découvrez d'autres articles sur ce thème...
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec