Silvio Berlusconi
C’est assez triste de commencer une nécro de cette manière, mais je ne vois pas comment le dire autrement : l’Italie est enfin débarrassée de Silvio Berlusconi. Celui qu’on appelait communément Il Cavaliere était devenu le sparadrap du capitaine Haddock de la politique italienne. Homme d’affaires ayant fait fortune dans le bâtiment, ayant largement investi dans les médias, Berlusconi a tenu de multiples postes : député, député européen, président du conseil. L’Italie s’est-elle mieux portée pour autant, durant les mandats de président du conseil qu’il a tenu ? J’en doute fort.
Car si Berlusconi savait mobiliser l’attention et ses efforts, c’était avant tout pour lui-même, pour consolider son pouvoir et son enrichissement. On l’a plusieurs fois soupçonné de collusions répréhensibles, mais personne n’en a jamais apporté la preuve. Ses seules condamnations l’ont été pour fraude fiscale, et pour avoir été le centre d’un système particulièrement scabreux, d’orgies organisées pour satisfaire son appétit sexuel sans borne. On lui doit l’apparition d’un terme particulièrement éloquent, les soirées « bunga-bunga« .
Les milanais lui doivent pourtant autre chose : il présida le Milan AC pendant plusieurs années, années qui virent ce club remporter plusieurs titres de champions d’Europe, dans les années 80, avec un trio magique de joueurs néerlandais, Gullit, Rijkaard et Van Basten. C’est d’ailleurs contre le Milan AC que le seul club français à avoir remporté une ligue des champions, l’OM, s’imposa 1 à 0. Tapie était-il plus malin, ou plus dispendieux, que son adversaire d’alors ?
Homme de medias, il avait lancé une chaîne de télévision concurrente de la RAI, Canale Cinque, et obtint, lorsque les socialistes furent au pouvoir de 1981 à 1986, de lancer une des premières chaînes de télévision privées en France : la 5. On a tendance à l’oublier, mais c’est grâce à cette chaîne de télévision que la jeunesse française de cette époque – ma génération – eut accès à des programmes et des fictions de grande qualité, comme K2000 ou Supercopter… Chaîne purement commerciale, sans doute la première à introduire la coupure publicitaire à la télévision française, la 5 de Berlusconi disparut une fois que TF1 devenue privée, et M6, l’eurent boutée hors du paysage médiatique, à coups de pression politique.
Phénomène vivant, bouffon devenu roi (à moins que ce ne soit l’inverse), Silvio Berlusconi ne laissera pas une grande trace dans l’histoire. Les seuls dirigeants à lui rendre hommage seront sans doute ceux qui lui correspondent le plus dans leur mégalomanie, de Trump à Poutine…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec