Signe de vie

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Sur le conseil d’Ivan Gavriloff, récemment interviewé dans la série consacrée aux X entrepreneurs, j’ai récemment lu Signe de vie. Notre discussion porta en effet sur tout un tas de sujets, notamment nos lectures récentes, et Ivan m’a gentiment mis sur la piste de quelques livres dont je ferai une recension ces prochains mois, au fil de mes lectures. Ce roman de Jose Rodrigues Dos Santos, auteur à succès portugais, est un audacieux mélange de science, notamment d’astrobiologie, et de philosophie. De quoi tenir en haleine ses lecteurs, et je dois avouer que je me suis laissé prendre au piège : j’ai fini ce pavé de 800 pages en un peu moins de deux jours…

Houston, we hear a problem…

Le point de départ de ce roman, c’est le signal Wow !, un puissant signal radio capté en 1977, et dont on ne connaît jusqu’à présent ni la nature ni l’origine exacte. Tout juste sait-on qu’il a été émis sur une fréquence particulière, provenant de la constellation du Sagittaire, dans une zone où l’on n’a identifié aucun objet céleste particulier.

J.R. Dos Santos imagine donc que quelques 40 années plus tard, un vaisseau parti de cette même constellation se dirige vers la Terre et émette de nouveau un tel signal, afin d’éveiller l’attention des terriens. Le passage au plus près de notre planète a lieu dans une quinzaine de jours, il faut donc se presser pour mettre sur pied l’équipe chargée d’établir le contact, qui sera propulsée à quelques centaines de mètres de ce vaisseau grâce à cette merveille de technologie placée en retraite anticipée il y a quelques années : la navette spatiale américaine.

Au-delà du suspense inhérent à ce genre de roman, Signe de vie présente un atout majeur, celui de nous faire prendre conscience d’un dilemme majeur : devons-nous vraiment nous intéresser aux civilisations extra-terrestres, ou devrions-nous nous en méfier ? Car la confrontation entre deux civilisations ou deux populations aux connaissances technologiques éloignées (penser aux humains et aux dodos) ne peut se faire qu’au détriment de l’une des deux, et on imagine bien laquelle… Bref, les recherches conduites par l’institut SETI et les travaux menés par les astrobiologistes sont certes intéressants, mais sont-ils bien raisonnables ?

Wow !

Oui mais…

Je n’en dis pas plus, et vous laisse découvrir la suite de ce roman conçu comme un page-turner. Pour ma part, je suis un peu déçu, non par l’intrigue, mais par le fait que ce soit, justement, un page-turner, et de manière éhontée, avec des chapitres qui finissent constamment sur une question en suspens, comme les épisodes de 24 heures chrono… Pour moi, ce type de recette procède d’une intention malveillante, celle de nous empêcher de dormir afin de satisfaire un manque. Un bon roman ne devrait pas avoir besoin de ce type d’artifice, son intrigue devrait largement suffire à laisser le lecteur éveillé.

Ajoutons à cela une tendance un peu trop répétée de Dos Santos à expliciter chaque terme scientifique utilisé, un peu comme s’il prenait le lecteur pour un abrutir incapable de se renseigner par lui-même. Des notes de bas de page auraient largement suffi, et on aurait ainsi abouti à un livre passionnant, certes de 200 ou 250 pages maximum, mais que j’aurais largement plus encensé que dans cette recension.

Bref, si vous aimez les séries du style santa mloukhia (copyright mon beau-père Gilbert Cohen) et admirez secrètement Tomás Noronha depuis son apparition dans La formule de Dieu, faites-vous plaisir. Ou si vous avez deux jours à meubler, faites vous aussi plaisir, Mais si vous cherchez de la vraie science-fiction, dirigez-vous plutôt vers Ted Chiang, à la nouvelle intitulée Premier Contact (parfaitement porté au cinéma) ou celle intitulée The Great Silence, qui explique le paradoxe de Fermi

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