Scotland Hard
Avouons-le, on a eu chaud! Non pas à cause de cette météo caniculaire qui sévit sur Paris depuis quelques jours, mais au sujet du référendum en faveur de la sécession de l’Écosse. On ne sera probablement jamais assez reconnaissants envers les électeurs de Glasgow, d’Aberdeen ou d’Edimbourg, pour avoir sauvé non seulement l’Union Jack, mais aussi l’Europe et une grande partie du monde moderne!
Imaginez un peu si au lieu de la victoire du ‘Non’ officiellement annoncée ce matin, nous nous étions réveillé avec un ‘Yes’ massif, un raz de marée gaélique, scellant l’explosion du Royaume-Uni et l’apparition d’un nouvel état. Imaginez l’impact sur le moral de non voisins anglais, contraints du jour au lendemain de faire île à part avec leurs cousins du nord. Imaginez, surtout, les effets dévastateurs d’une telle émancipation sur tous les mouvements séparatistes du reste du monde: Corse, Bretagne, Vendée, mais aussi Catalogne, Bavière, Franche-Comté, Piémont, Schleswig-Holstein, Andalousie, et jusqu’à la sage Auvergne auraient très bien pu se mettre à rêver d’une nouvelle liberté, au nom du droit des minorités linguistiques à disposer d’eux-mêmes! Nous aurions assisté au début du lent détricotage de l’Europe que nous ancêtres ont mis plus de vingt siècles à construire à coup de guerres, d’invasions et de mariages arrangés, à l’essor d’une nouvelle Babel, non plus linguistique, mais géographique. Oui, la Babelisation de l’Europe, voilà ce qui menaçait sous couvert du référendum écossais.
Quel cauchemar géopolitique, quel casse-tête pour nos éminents experts en droit constitutionnel pour intégrer ou non cet état à l’Europe, quelle menace sur les potentats de l’OPEP, à l’orée de voir un nouvel acteur mondial montrer ses crocs et menacer le fragile équilibre énergétique mondial!
Sans parler de l’impact sur le reste du monde; La Floride ou le Minnesota auraient très bien pu renoncer à la citoyenneté américaine, et devenir le premier état désuni d’Amérique. La Cyrénaïque aurait sans doute exigé de retrouver sa gloire ancestrale, l’Assyrie un retour aux sources. Sans parler de la Crimée qui n’arrête pas de faire des misères au pourtant tout jeune état ukrainien.
Plus que la victoire du ‘No’, c’est bien à la sauvegarde – momentanée – du monde d’hier que nous avons sagement assisté du fond de nos canapés, entre discours de François Hollande et Netflix.
Merci, amis écossais, et God save the Queen!
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
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