Sans filtre
Palme d’or 2022 à Cannes, Sans filtre est un film assez intrigant, dont on sort assez perplexe.
Attention, spoil devant
L’histoire qu’il raconte est assez originale : un couple de mannequins est invité à séjourner sur un yacht où une dizaines de couples fortunés sont venus claquer quelques centaines de milliers d’euros chacun. Tout se passe bien, jusqu’à ce qu’un événement inattendu provoque le naufrage du yacht. Une poignée de survivants se retrouvent alors sur une île déserte, où il a va falloir survivre. Oui mais comment, quand on n’a jamais rien su faire de ses dix doigts, à part saisir un code carte bleue ?
On rit assez peu, en regardant ce film. Tout au plus sourit-on lors de la première scène, où des mannequins nous apprennent à faire la différence entre le sourire Balanciaga, et le sourire H&M. On y découvre d’ailleurs une expression, triangle of sadness, qui est le titre original du film : pourquoi avoir choisi un autre titre beaucoup moins expressif ?
Le reste du film est conçu pour mettre le spectateur mal à l’aise, coincé entre le spectacle ridicule d’une brochette de millionnaires décadents, et les souffrances retenues des multiples employés du yacht – ce film a au moins le mérite de nous faire découvrir l’armée de petites mains qui contribuent au bon plaisir des riches bénéficiaires de ces voyages en bateau…
La satire porte-t-elle ses fruits ? J’en doute. Un film comme celui-ci n’attire pas le grand public. Il fait peut-être sensations sur la Croisette, où de nombreux spectateurs, célébrités de passage, ont été ou seront les hôtes de yacht similaires. Ce film est-il donc conçu pour les faire réfléchir ? Peu probable.
Enfin, une note triste. La superbe interprète de Yaya, le top model féminin qui partage le premier rôle avec son jeune fiancé, est décédée il y a quelques semaines d’une infection fatale et soudaine. Grâce à ce film, son élégance naturelle et son regard envoutant resteront à jamais dans notre mémoire…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec