Saint Hassan, priez pour nous !
Depuis vingt-quatre heures, je suis énervé. J’en veux à la presse occidentale, et particulièrement à la presse française et à tous ses grands quotidiens, Le Monde, Libération ou Le Parisien pour n’en citer que quelques uns, de nous avoir maintenus dans l’ignorance la plus totale et dans les ténèbres pendant de si longues années. Je leur en veux de ne nous révéler qu’aujourd’hui, alors qu’il vient de quitter ce monde-ci pour un monde supposé meilleur, la grandeur de cette lumière des temps modernes, de cette boussole inébranlable, de ce pilier de sagesse et de générosité qu’était Hassan Nasrallah.
C’est vrai quoi, pourquoi avoir attendu aussi longtemps – plus de trente ans ! il était à la tête du Hezbollah depuis 1992, un modèle de longévité comme on en fait peu, par ces temps d’obsolescence programmée – pour nous révéler qui était vraiment Hassan Nasrallah ? Voici quelques titres tirés du Monde, du Parisien et d’une grande chaîne d’information publique, France Infos…
Mes lecteurs n’ayant probablement pas accès à ces articles réservés aux abonnés, je vais me livrer à un rapide compte-rendu de leur teneur.
Charismatique, amateur de football, épris de religion – et donc d’amour du prochain, n’est-ce pas – le chef du Hezbollah était un modèle pour des milliers d’individus qui voyaient en lui une star des temps moderne. Amateur de bonne chère, bien évidemment, tout en faisant l’impasse sur la consommation d’alcool – mais d’autres grands hommes, comme Nicolas Sarkozy, s’imposaient le même régime – il s’était épris d’une véritable passion pour la balistique et collectionnait les missiles et les roquettes en tout genre. Que voulez-vous; né en 1960, il ne put achever ses études dans ce Liban déchiré par la guerre civile, et s’était convaincu, sur le tard, de combler ses lacunes en physique, notamment mécanique des fluides et en chimie inorganique par une étude méticuleuse d’engins variés, susceptibles d’être expédiés vers des contrées plus ou moins lointaines.
Qu’y a-t-il de plus anodin qu’une passion pour la balistique ? (quart d’heure révélation : moi-même, à l’âge de 8 ans, je répondais à la question : que veux-tu faire quand tu seras grand ? Je veux être ingénieur en balistique !le mot balistique me faisait rêver…)
L’homme le plus riche du monde n’est-il pas Elon Musk, un grand fans d’engins balistiques en tout genre, lui aussi ?
D’autres leaders charismatiques aimaient la peinture ou la musique, la promenade avec les chiens ou les caresses des chats. Lui, que voulez-vous, il aimait les missiles. Leur forme élancée, le froid contact de leur carapace métallique le faisaient frissonner de plaisir… Mais il n’avait pas que cette passion. Loin de là. Il adorait la géothermie. La preuve : il fit construire, bien avant que ses amis du Hamas ne l’imitent avec beaucoup d’astuces et des moyens plus limités, un réseau de grottes et de tunnels pour dissimuler l’objet de sa passion aux yeux de ses jaloux de voisins. Visionnaire, il voyait grand, et construisit des grottes d’une telle taille, que pouvaient y habiter les nombreux gardiens de ses nombreux jouets. Et que ses voisins auraient bien du mal à aller les lui voler.
D’ailleurs, parlons-en de ses voisins.
Visiblement, il ne les aimait pas.
Surtout ceux du sud.
Il fit de nombreux discours à leur égard, diffusés à la télévision et sur Internet, en langue arabe bien évidemment. J’en veux aux médias occidentaux de ne pas nous en avoir fait profiter plus souvent, de ces discours. Ces discours, il les faisait par amour de ses proches, pour avertir ses nombreux affidés du danger que représentaient ces voisins du sud. Méchants, haineux, vulgairement malicieux, de cette malice dont se défiaient Hitler et ses acolytes, ils étaient prêts à en découvre au moindre missile égaré par inadvertance.
Avouez qu’il y a là motif à développer une formidable haine envers ces voisins. Il leur mena donc la vie dure, kidnappant de temps à autre un de leurs ressortissants égarés aux abords de la frontière, où les menaçant à plusieurs reprises d’une simple éradication de la surface de la Terre. Il profita même des troubles de ces derniers mois pour les harceler à coups de roquettes et de drones, renonçant dans le même temps à une partie de son impressionnante collection d’engins balistiques. Un sacrifice non négligeable.
Mais c’était pour la bonne cause, que voulez-vous. Cet esprit généreux avait la main sur le coeur, et se tenait prêt à soutenir ses amis, les plus puérils comme les plus sordides.
L’amour et l’amitié étaient les deux valeurs qui qualifiaient cet être sublime.
Il méritait d’être canonisé.
Israel s’en est chargé.
NB : pour mieux connaître la grandeur de cet excellent homme, je vous conseille de visionner le documentaire Hezbollah, l’enquête interdite diffusée il y a quelques mois. Ou bien ce documentaire là proposé sur Arte jusqu’à la fin novembre 2024.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec