SailGP: quand la voile n’a plus rien à envier à la Formule 1
Je ne suis particulièrement passionné par la voile. Je reste ébahi par la performance de ces skippers capables de réaliser le tour du monde en un mois et quelques, ou de traverser l’Atlantique en moins de dix jours, certes. Mais en termes d’images, ce sport, dont la pratique m’a souvent paru extrêmement difficile, m’a toujours semblé manquer d’images. Comprenons-nous: on voit toujours de belles images de départs depuis Lorient ou Les Sables d’Olonne, ont voit souvent de belles arrivées de gueules épuisées en pleine nuit, et il nous arrive de voir quelques images prises depuis un bateau par un concurrent seul à l’autre bout du monde, ou depuis un hélicoptère qui survole un concurrent. Par rapport aux amateurs de foot, de golf ou de tennis, l’amateur de voile est probablement un téléspectateur frustré.
Avec des compétitions comme l’America’s Cup, ce déficit d’image est partiellement comblé. Les compétitions font l’objet d’une assez belle couverture médiatique. Mais elle ne se déroule que tous les quatre ans, et le secret qui entoure la fabrication des engins qui y participent fait plus pour la médiatisation des images que les véritables foires d’empoignades que s’y livrent les équipages.
Heureusement, le milliardaire fondateur d’Oracle, Larry Ellison, grand passionner de régates et vainqueur de l’America’s Cup il y a quelques années, est venu proposer la solution: SailGP, une compétition de voile totalement démentielle, qui oppose, sur le même mode que son grand frère, six équipes internationales, aux quatre coins du globe. Mais au lieu de proposer un rythme de dilettante, SailGP fonctionne les compétitions de Formule 1 automobile, avec plusieurs grandes courses par saison. SailGP voit donc ces six équipages s’opposer à Sydney, à San Francisco, New York, Cowes et … Marseille, pour l’épreuve finale fin Septembre.
Là où cela devient encore plus intéressant, c’est que ces équipe s’opposent sur exactement le même matériel, le catamaran F50. Il est même fourni par les organisateurs – Ellison et sa bande – qui ont poussé le vice, paraît-il – à aller eux-même chercher les skippers en charge de monter leurs équipes ! Les six pays représentés – États-Unis, Grande Bretagne, France, Australie, Chine et Japon – sont pour l’instant les premiers à expérimenter cette compétition d’un nouveau genre, mais nul doute que si l’expérience est réussie, d’autres pays viendront compléter la carte.
Mais il y a mieux encore. Bourrés d’électronique et de caméras, les catamarans F50 permettent aux fans de sports nautiques de suivre la compétition en direct depuis le confort de leur canapé, sans éclaboussures, mais avec l’adrénaline du skipper en plus, en utilisant … une application sur leur Smartphone. Bon, les vrais fans peuvent aussi acheter leurs billets pour suivre les régates sur place, et même depuis leur bateau s’ils achètent un ticket « boater ».
Peut-être que ces innovations donneront des idées aux organisateurs des prochaines éditions du Vendée Globe ou de la Route du Rhum? Et que les fans de voile en manque d’émotions pourront vivre les aventures et les déboires de leurs champions en direct, sur un smartphone?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec