Sadisme ordinaire à Mazan

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Connaissez-vous Mazan ? Sauriez-vous situer cette petite bourgade de moins de 10000 habitants ? Elle se trouve en région PACA, dans le Vaucluse, à quelques kilomètres de Carpentras. Et jusqu’à il y a quelques mois, peu de gens en avaient entendu parler. Tout au plus, les plus cultivés d’entre nous auraient pu en dire que s’y trouve un château ayant appartenu à la famille du marquis de Sade. Et c’est justement une affaire d’un sadisme insensé qui l’a propulsée dans l’actualité.

Car c’est à Mazan qu’un certain Dominique Pelicot, un septuagénaire ancien salarié d’EDF, a organisé de multiples viols de sa femme par des inconnus, pendant une dizaine d’années. Des viols orchestrés méthodiquement, en allant recruter les violeurs sur un forum internet, et en leur offrant son épouse droguée avec un profond anxiolytique, de manière à ce qu’elle ne se rende compte de rien. Elle n’a d’ailleurs appris son statut de victime que de manière fortuite, en 2020, suite à la perquisition effectuée sur l’ordinateur de son mari, surpris par un vigile de supermarché en train de filmer sous les jupes de certaines clientes !

Il faut lire les compte-rendus du procès diffusés dans la presse pour se rendre compte de la monstruosité des faits, du détail sordide de leur préparation, des effets tragiques sur la victime, Gisèle Pelicot. En tout, plus de 70 personnes ont participé à ces séances monstrueuses, et seuls une cinquantaine d’entre eux ont fait l’objet de poursuites. Le verdict est tombé cette semaine, et les condamnations varient de trois à quinze années de prison, et vingt années pour le principal inculpé.

Que nous apprend cette affaire des viols de Mazan ? Sur la nature humaine, rien de neuf, hélas. La banalité du mal peut prendre toutes les formes, comme celles des 50 participants, avec des profils aussi variés que surveillant pénitentiaire, cariste, informaticien, chauffeur ou retraité. Citoyen modèle le jour, violeur le soir, en gros.

Elle prend aussi la forme d’un homme apparemment ordinaire, jeune retraité, qui organise des abus réguliers de son épouse, à son domicile, par des inconnus. Qui les filme, les visionne, les faits voir à d’autres candidats. Elle prend la forme de violences ordinaires contre des femmes, sédatées pour ensuite être abusées. Elle prend surtout la forme d’un fait divers qui serait passé inaperçu si ce vigile n’avait pas eu la curiosité de vérifier le comportement de cet individu suspect.

Gardons-nous de tirer des conclusions générales sur la gente masculine dans sa globalité. Il existe des monstres, certes. Mais les monstres ne forment, dieu merci, pas la majorité de cette population. Tout au plus faut-il se dire que même au 21e siècle, même dans la patrie des « droits de l’Homme », même dans une région qu’on pourrait croire paisible, des individus tordus peuvent s’en prendre à d’innocentes victimes, à l’abri des regards. Et que notre pays n’est peut être pas le seul à comporter de tels individus.

Rien de neuf sous le soleil.

Il faut rester vigilantes.

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