Repenser l’enseignement
L’article de la semaine, voire de cette fin d’année, c’est ce point de vue de Stanislas Dehaene dans l’édition de ce weekend du quotidien Le Monde (article en accès restreint aux abonnés, hélas). Cet article, il faudrait le faire lire et relire non seulement par tous les enseignants, de la maternelle au 3e cycle, mais par tous les ministres de l’enseignement, les anciens comme l’actuel en pensant aux futurs, et tous les cadres du ministère de l’éducation nationale. Sans oublier les organismes de formation continue.
Que dit ce neurobiologiste de renom? En substance, que toute forme d’apprentissage repose sur 4 facteurs à mobiliser, et ce, de manière intelligente :
- L’attention, « … qui fonctionne comme un projecteur, mais dont le rayon d’action est limité… ». Vouloir apprendre une notion, quelle qu’elle soit, procédant par une vue d’ensemble, ne permet pas de focaliser les mêmes zones et réduit en réalité la capacité d’apprentissage. Enseigner, c’est commencer par les bases, plus faciles et simples à mémoriser, puis construire un édifice.
- L’engagement actif, qui suppose donc l’alternance de phases d’écoute et de phases de restitution. L’écoute ne suffit pas, il faut exprimer le savoir acquis, le faire ressortir, non pour être évalué, mais pour se familiariser avec les notions acquises.
- Le feedback, qui permet à l’élève de s’auto-évaluer, comme dans les phases d’apprentissage de la marche. On apprend à marcher en titubant, en tombant, en jaugeant son propre équilibre, et non à partir des remarques de son entourage.
- L’automatisation, qui libère l’esprit de manière progressive. Par exemple, pour l’apprentissage de la langue principale, une fois que la reconnaissance des lettres est acquise, on peut passer à celle des syllabes, puis à celle des mots, à la construction des phrases, à l’élaboration d’un discours et à la pensée organisée. Il en est de même pour les mathématiques, l’histoire ou le dessin.
Combien d’échecs, combien de renoncement, devrait-on imputer aux méthodes d’enseignement, ou aux enseignants, disons-le clairement, qui ont fait l’impasse sur ces quatre fondamentaux?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Bonjour,
Merci de nous avoir parlé de cet article.
Pour ma part, je vous offre le lien (au cas où) :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/12/20/enseigner-est-une-science_4338294_3232.html
Joyeux noël à tous.
C’est intéressant. Il se trouve que je travaille sur le sujet, actuellement. (Mais je m’intéresse à l’entreprise.) Il se peut que mes conclusions recoupent ce qui est dit ici. En particulier, j’explique que l’on n’apprend pas par la théorie, mais par la pratique, plus exactement on généralise de l’exercice réussi. Et qu’il faut entretenir ses connaissances.
J’ai aussi noté, ce qui n’est pas dit ici, le rôle du groupe. Je constate chaque année que les promotions d’étudiants ont un comportement collectif qui domine le comportement individuel. Je soupçonne d’ailleurs que la pression sociale joue un très grand rôle dans le succès. Elle stimule le talent.
Par ailleurs, j’ai l’impression 1) que l’on apprend beaucoup par la copie ; 2) que beaucoup de gens se contentent de repérer quelqu’un qui sait, plutôt que d’apprendre eux-mêmes – ce qui, globalement, est probablement une stratégie optimale.