Ras les masques
Je pensais naïvement que le masque deviendrait un attribut du quotidien. Apparemment, je n’étais pas le seul ; plusieurs entreprises se sont lancées dans la conception et la fabrication de masques de protection. Tant et si bien qu’alors que nous en manquions à l’aube de la pandémie, nous nous retrouvons désormais avec une telle profusion de masques, que ces entreprises en appellent à l’état pour prendre à sa charge les commandes qui s’annulent depuis quelques jours.
C’est que le virus a, semble-t-il, presque cessé de circuler. Le nombre de cas positifs quotidiens n’a cessé de décroître, les services d’urgence des hôpitaux sont peu à peu désengorgés. Bref, la vie reprend son cours habituel, nonobstant quelques secteurs qui ne sont pas encore sortis de la nasse (événementiel, aéronautique, automobile), les cours à l’école qui reprennent à mi-temps (et qui voudrait retourner à l’école en plein mois de juin après 3 mois de break ?), et les compétitions sportives qui ne reprendront que dans quelques semaines.
Le marché des masques de protection s’apparente plus au marché de fruits et légumes saisonniers qu’à celle de couches culottes : on consomme des masques en période de forte pandémie, ou de fort risque de pandémie, mais le reste du temps, qui voudrait en acheter, à part les professionnels de santé et les professionnels des chantiers ? Ceux qui pensaient réaliser une jolie opération en se lançant dans le commerce de ces objets au printemps risquent de se retrouver avec de larges stocks d’invendus, difficiles à écouler en France. Il leur restera peut-être quelques débouchés commerciaux à l’étranger, au Brésil ou aux US, si tant est que ces pays ne disposent pas de production locale, ou n’importent pas eux aussi depuis l’Asie des masques à bas prix.
Ce que montre cette crise, et la pénurie de masque qui en marqua les premiers temps, c’est que le marché des masques devrait plus s’orienter vers celui des munitions, avec deux modes opératoires : d’un côté, un marché « militaire », au service de la commande publique, ajusté de telle sorte que les services d’ordre public puissent continuer de fonctionner : hôpitaux, forces de police, mais aussi entreprises dont l’activité est nécessaire même en période de pandémie. De l’autre, un marché plus classique, régenté par les lois de l’offre et de la demande, et donc une capacité de production variable en fonction de cette dernière.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Intéressante analyse mais n’allons nous pas au contraire vers une nouvelle ère ou le masque grand public, tel qu’en Chine, va devenir un nouveau bien de consommation ? Le relâchement temporaire de cette fin de printemps ne laisse rien prévoir de la deuxième partie de cette année 2020 commencée pourtant dans l’insouciance et l’optimisme. La deuxième vague pourrait faire revenir cet accessoire insolite a grande vitesse, car il reste un outil indispensable pour freiner la propagation de virus respiratoires. Attendons donc de voir à quelle sauce le Corona décide de nous cuisiner cette année avant de nous prononcer…
Effectivement, il faudrait faire comme les Asiatiques (je l’avais déjà vu au Japon il y 35 ans) : les personnes malades (dès un simple rhume) portent un masque dès qu’elles sortent de chez elle. Ca pourrait, outre l’effet social (prise de conscience, respect d’autrui…), permettre d’entretenir des stocks (à domicile, dans les pharmacies, dans les entreprises…), voire d’entretenir des productions locales.