Rahan
André Cheret, dessinateur de Rahan, est décédé. Pour les moins de 40 ans, cela ne représente pas grand chose. Mais pour ceux de ma génération, Rahan était un monument de la bande dessinée. Certes moins célèbre qu’Astérix ou que Lucky Luke. Mais Rahan, fils de Craô, également qualifié d’enfant des âges farouches, était pour beaucoup le premier contact avec une BD qui sortait des codes un peu enfantins de l’univers de Disney.
Publiées dans Pif gadget, les histoires de Rahan nous propulsaient à une époque préhistorique, où tous les personnages étaient assez laids et peu développés, à l’exception du héros, blondinet aux cheveux longs et à la musculature marquée. C’était un peu une sorte de Tarzan préhistorique. Armé de son coutelas d’ivoire – je crois bien que c’est le seul moment de mon existence où j’ai croisé le mot « coutelas », Rahan évoluait dans un univers violent, où il fallait chèrement défendre sa vie.
Plus de quarante après, j’aurai du mal à raconter le moindre récit des histoires de Rahan. Mais son nom reste à jamais gravé dans ma mémoire.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je me souviens d’un épisode où il tombait dans un précipice très profond.
Heureusement sa chute se trouvait inexplicablement amortie.
Mais il se rend vite compte qu’il a été sauvé par les toiles d’une araignée gigantesque !
Dans un autre épisode il est accusé par un sorcier fanatique qui le soumet à une sorte de jugement divin : il le suspend par les poignets par des lianes.
S’il est alourdit par le poids de ses mensonges, les lianes céderont.
Une image m’avait marqué, celle du visage démoniaque du sorcier choisissant les lianes, un cartouche précisant qu’il prenait les plus fines !
Je ne sais plus comment Rahan s’en sortait !
Le fils des âges farouches, ceux qui marchent debout, c’est tout un pan de notre adolescence qui disparait…
Lecture de salle d’attente de coiffeur. J’ai appris plus tard que PIF était communiste (et j’habitais une banlieue communiste). Curieusement, contrairement à la BD belge, la BD communiste était très proche de l’esthétique des feuilletons américains, avec des personnages qui, généralement, n’étaient pas des caricatures. (Il y avait même « Amicalement vôtre ».)
Comme Yves Montand, compagnon de route du PC qui a joué les milliardaires à Hollywood, le PC était-il fasciné par les USA ?
Un m’avait beaucoup marqué, celui où un peuple ne peut pas se nourrir convenablement car la tribu vit à coté d’une rivière infestée de piranas. Episode où il démontre son ingéniosité et exalte le sens du sacrifice.
Celui bien sûr où a lieu l’éruption du volcan qui détruit son village et où Crao lui donne son collier de griffes de félin. Dans l’aventure qui suit, il va voler (oui voler) le coutelas d’ivoire du chef d’une autre tribu.
Et celui, où il rencontre une tribu déchirée par l’amour d’un homme blanc pour une femme noire…