Qui veut la peau de Nicolas Sarkozy?

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Nicolas Sarkozy était un président d’exception, au sens propre du terme. Il ne fit quasiment rien comme les autres, de son divorce à son remariage avec une artiste, de ses coups de gueule à son malaise vagal. Il n’y a donc pas lieu d’être surpris par ses démêlés judiciaires actuels, ils participent au personnage qu’il s’est construit, qui se veut hors du commun.

Mais au-delà de cette volonté affichée de ne pas être un « président normal », et sans tomber dans une quelconque « théorie du complot », on peut se demander si une succession aussi rapide d’affaires plus ou mois nauséabondes (affaire Tapie, affaire Bettencourt, affaire Bygmalion, etc.) n’a pas pu bénéficier de coups de pouce additionnels, visant à sceller une bonne fois pour toute son destin politique. En un mot, et pour paraphraser le titre du célèbre film, Qui veut la peau de Nicolas Sarkozy?

roger rabbit


Passons donc en revue la liste des suspects potentiels.

François Hollande

L’actuel locataire de l’Elysée ne porte pas son prédécesseur en haute estime, certes. On se souvient de la scène sur le perron du château, lors de la passation de pouvoir. François Hollande n’avait pas raccompagné Nicolas Sarkozy et sa compagne. Mais de là à agir dans l’ombre pour lui plomber sa carrière politique et l’empêcher de se présenter en 2017, il y a un pas que nous ne saurions franchir sans une certaine appréhension. Et quoi, le pouvoir exécutif n’aurait donc réussi que cela en vingt-quatre mois?

Probabilité: 2%

Dominique Strauss-Kahn

Souvenez-vous, c’était en mai 2011, DSK caracolait en tête des sondages, il allait remporter la primaire socialiste haut la main, et semblait un candidat sérieux face au président sortant. Un petit séjour à New-York de plus, et c’en était fini du destin national de l’ancien ministre de l’économie. D’aucuns avaient vu la main (invisible) du pouvoir alors en place dans la chute du meilleur économiste du PS. On jubilait à l’UMP, et l’ancien président du FMI aurait sans doute de sérieuses raisons de vouloir barrer la route du retour à l’Elysée de son rival. Mais trois années sont passées déjà, DSK s’est refait une santé financière, et on le voit mal perdre son temps à ourdir dans l’ombre le complot de la revanche.

Probabilité: 1,5%

François Fillon

On tient, avec l’ancien premier ministre du même Sarkozy, un candidat sérieux à la revanche. Il le dit partout lui-même, il barrera la route du retour à son ancien patron. Cinq ans, pensez-vous, cinq ans à souffrir en silence, à ronger son frein, cinq longues années à vivre le calvaire d’un premier ministre réduit à la portion congrue. Avouez qu’à sa place, vous seriez bien tentés par une petit croche-pied de derrière les fagots, un de ces tacles ravageurs qui brisent l’élan de l’attaquant et le font sortir sur une civière. Mais si François Fillon a le coeur gros, il reste un homme d’honneur, incapable de tels coups bas. On a d’ailleurs pu voir, lors de son face à face avec Jean-François Copé pour prendre la tête de l’UMP, qu’il n’était justement pas un homme de « coups bas ».

Probabilité: 1,7%

Jean-François Copé

Puisqu’on parle du loup, intéressons-nous à son cas. Dommage collatéral de l’affaire Bygmalion, on se demande bien pourquoi il paie les pots cassés, lui qui jure ses grands dieux qu’il n’était au courant de rien, et qui ne va pas tarder à rappeler à la face du monde que les fausses factures de Bygmalion ne servaient qu’intérêt, la réélection de … qui vous savez. D’ailleurs, Bygmalion n’a pas encore complètement explosé, nous n’en somme qu’aux émanations nocives d’un scandale qui risque de faire beaucoup, beaucoup plus de dégâts sur l’UMP, ses dirigeants, l’appareil politique français et notre démocratie en général.

Probabilité: 5%

Le Conseil supérieur de la magistrature


Dans la famille des gens qui n’aiment pas Nicolas Sarkozy, je voudrais « le juges ». Le CSM, Nicolas Sarkozy l’a affronté à plusieurs reprises durant ces dernières années. Il l’a même réformé en 2008, une réforme annoncée dès 2005, lorsque celui qui n’était alors que candidat annonçait que « les juges devaient payer pour leurs fautes« . Aujourd’hui, il semble bien que les juges tiennent leur revanche, faisant payer l’ancien président pour ses fautes. Reconnaissons que le CSM est plutôt bien placé pour mettre en oeuvre son plan machiavélique.

Probabilité: 5%

Marine Le Pen

Marine Le Pen ferait une suspecte formidable. D’abord, elle a le motif: Nicolas Sarkozy a voulu lui piquer ses voix. D’ailleurs, il les a piquées à son père. Mais il les lui a rendues, la preuve, il a permis l’essor de celui qui se revendique comme le premier parti de France, grâce à une politique d’avant-garde, mâtinée d’identité et de préférence nationale.

Mais ça, c’était avant. Depuis, on nous le dit et nous le répète, Marine Le Pen, et avec elle tout le FN, est devenu gentille. Oui braves gens, elle ne ferait pas de mal à Sarko, même en cas de légitime défense. Et puis les réseaux FN, au sein de la magistrature, vous y croyez, vous? Alors l’hypothèse Le Pen, malheureusement, il va falloir mettre une croix dessus.

Probabilité: 2,2%

Jacques Chirac

Que n’a-t-on écrit sur les rapports entre les deux anciens présidents. Du grand amour à la haine la plus profonde, ils n’ont eu de cesse d’égayer notre lecture du Canard Enchaîné, rappelant sans cesse le soutien débordant de vitalité que le jeune Nicolas Sarkozy, ministre de la seconde cohabitation – celle de 1993, et de l’affaire Karachi, vous suivez? – avait porté à Edouard Balladur, l’ancien ami de 30 ans du plus Corrézien de nos présidents (devant l’actuel, oui). Oui, mais le grand Jacques n’est plus ce qu’il était. Les années sont passées par là, et même si la vengeance est un plat qui se mange froid, encore faut-il pouvoir le savourer…

Probabilité: 2,3%

Le colonel Kadhafi

Et si le colonel Khadafi n’était pas mort? N’allez pas croire que je suis tombé dans du Thierry Meyssan de seconde zone, ou que je sois complètement ivre. Non, imaginez un instant que celui qu’on a vu se faire lyncher par des rebelles à Benghazi soit en fait … un des multiples sosies de l’ancien leader libyen, un peu comme dans le film Angles d’attaque. Et que le vrai, le seul, Mouammar Kadhafi soit en réalité parti sur l’île où se sont retrouvés Marilyn, JFK, John Lennon et Pablo Escobar, une fois leur « retraite » prise, comme le proposait Beigbeder dans 99Frs? ET qu’à force de ne rien avoir à faire avec ses millions cachés, il ait décidé de soudoyer deux ou trois juges parisiens pour faire la peau – politiquement, cela s’entend – à celui qui causa sa chute. Non, je déconne, ce n’est pas possible, il a d’autres chats à fouetter, il doit être en train de regarder le foot à la télé.

Probabilité: 0,17%

Cécilia


It’s a thin line
between love and hate
.
Les Pretenders, jadis, avaient remarquablement retranscrit, musicalement, la faible distance qui sépare le grand amour de la haine la plus putride. Cécilia ex-Sarkozy aurait-elle pu – ô rage, ô désespoir – prêter sa main, qui fut une main aimante, à un tel acte de barbarie politique? C’est peu probable, à vrai dire. Si elle avait eu une quelconque envie de vengeance, elle l’aurait assouvie bien plus tôt…

Probabilité: 0,8%


Ce rapide panorama des suspects potentiels reste probablement incomplet. Nicolas Sarkozy a, durant son mandat, exaspéré toutes sortes de gens: des sympathisants de l’UMP comme ceux du FN, des ministres, des chauffeurs de taxi, des joggers, des chanteurs, bref, si l’on devait établir une telle liste, ce blog n’y suffirait sans doute pas.

Il faut bien se rendre à l’évidence: le déchaînement de colère contre Nicolas Sarkozy n’a qu’une raison et une seule: l’action menée pendant cinq ans par l’ancien président lui-même. Ses prédécesseurs, Pompidou, Mitterrand et même Chirac, avaient pris soin de remporter l’élection présidentielle à un âge avancé, rendant peu probables d’éventuelles poursuites contre les pratiques qu’ils avaient menées. Giscard, élu dans la force de l’âge, avait pris soin de ne pas briguer un nouveau mandat présidentiel au-delà de son éviction en 1981 (il renonça à celle de 1988 au profit de Raymond Barre…). Nicolas Sarkozy, dans sa fougue, a décidé de se représenter. Ce n’est pas la décision la plus sage qu’il ait pu prendre…

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