Quelques jours à Djerba
Qu’est ce qui distingue Djerba des autres villes de Tunisie ? Qu’est ce qui rend cette destination si douce – ce fut même le nom d’un village du Club Med – et si appréciée de touristes venus des quatre coins du monde ?
La réponse à cette question est difficile à établir. Certains vous parleront de son insularité, qui a permis aux différentes communautés qui composent sa population, de rester soudée. D’autres, comme Houssine Tobji, qui oeuvre à l’ouverture d’un musée du patrimoine multiculturel de Djerba à Guellala, vous parleront de l’influence de la communauté ibadite, qui correspond à peu près à un tiers de la population musulmane. D’autres encore vous parleront de la chaleur brûlante du soleil de plomb qui inonde cette île, comme une bonne partie de la Tunisie, et de la nécessaire solidarité autour d’une ressource commune et rare : l’eau.
Il y a sans doute d’autres raisons, qui font de cette île l’un des derniers endroits au monde où une communauté juive vie depuis plusieurs siècles en bonne entente avec ses voisins musulmans. Et quand je dis en bonne entête, c’est un euphémisme. L’île compte près de vingt synagogues, pour un peu moins de 370 mosquées, alors que la population juive ne représente qu’un demi pour cent de celle de l’île. La relation entre les deux communautés est presque fusionnelle. J’ai vu à Djerba de jeunes juifs se promener ne portant une kippa, avec moins de crainte de se faire agresser que n’en auraient d’autres en région parisienne.
Il faut dire que la communauté juive de Djerba, quasiment la dernière et la plus nombreuse de Tunisie, compte tout autant pour son dynamisme économique que pour sa contribution involontaire au tourisme de la région, grâce à un événement local majeur : le pèlerinage de la Ghriba.
Cette ancienne synagogue accueille une cérémonie un peu particulière, à l’occasion de la célébration de Lag Baomer, le 33ème jour du décompte du Omer. Dans une petite cour qui jouxte la Ghriba, un ancien caravansérail qui accueillait autrefois des pèlerins juifs libyens grouille chaque année de plusieurs centaines de fidèles, venus en famille des alentours, mais aussi de France et même d’Israel, faire la fête avec force grillades et gâteaux sucrés.
Cette année, le gouvernement tunisien avait mis le paquet pour supporter cet événement, qui marque le lancement de la saison touristique en Tunisie, une activité qui compte là-bas pour 15% du PIB : le ministre du tourisme avait d’ailleurs fait le déplacement à Djerba cette semaine, et était même présent en personne à la Ghriba.
Bien sûr, on ne vient pas forcément à Djerba pour visiter ses mosquées et ses synagogues. Il y a bien d’autres choses à faire, entre la visite ds souks et le bronzage sur le bord d mer. À vous de venir re-découvrir de havre de paix, à moins de trois heures de vol de Paris…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec