Que restera-t-il de la Macronie ?

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Que restera-t-il de la Macronie après le 7 juillet ? Probablement pas grand chose. Ce qui était apparu – ou plutôt avait voulu apparaître – comme une révolution intelligente se disloque dans des soubresauts politiques étonnants. Emmanuel Macron avait voulu être une sorte de Napoléon du 21 siècle, du moins sur l’aspect des réformes qu’il souhaitait engager. Sept ans plus tard, il ne reste plus que le souvenir de quelques changements réussis mais vite oubliés, comme le prélèvement à la source, et d’autres mal passés à coups de 49.3. Il avait fallu quinze ans pour passer de l’empereur à la Bérézina, il en aura suffi de sept pour que la Macronie connaisse la sienne.

La fin du « ni gauche, ni droite »

Si l’on prend un peu de recul sur ces sept dernières années, on peut également y voir l’échec de la vision politique de Macron. La fin du « ni gauche, ni droite », par exemple. Macron se voulait rassembleur, et c’est vrai que durant ces sept années, il est parvenu à séduire – voire dompter – quelques grandes gueules de la gauche et surtout de la droite (Darmanin, Le Maire). Profitant de l’effondrement du PS post-Hollande, et anticipant celui des LR post-Sarkozy, il a réussi à créer un centre rassembleur, une vision partagée avec François Bayrou. Mais sept ans plus tard, que reste-t-il de cet assemblage ? Le PS et LR restent des partis mineurs, malgré leurs scores respectifs aux européennes. Et ce sont leurs propres extrêmes qui sont devenus de grands partis rassembleurs. Le RN s’impose comme le premier parti de France, et LFI peut imposer sa loi malgré un score plus faible que le PS aux mêmes européennes. Quant au centre, il rassemble contre lui plutôt que pour lui-même.

La fin du « em même temps »

Version plus générique que le « ni gauche, ni droite », le « en même temps » faisait partie de la panoplie chère au chef de l’état. Il faut bien reconnaître qu’on y a eu droit à toutes les sauces, aussi bien en matière de politique culturelle, que de politique budgétaire, de politique internationale ou de politique sécuritaire. Tout cela partait sur de bonnes intentions, mais au terme d’un septennat de gâches médiatique, tout cela finit par laisser un sentiment d’absence totale de convictions. Un peu comme ce ministre israélien qui, quand on lui demandait s’il voulait du thé ou du café, répondait moitié-moitié.

Faire de la politique, c’est faire des choix, et les défendre. C’est ce qui a été fait sur certains sujets, comme la réforme des retraites, mais en maintenant un flou magistral sur des sujets comme les régimes spéciaux. Et on l’a tout aussi bien vu récemment sur le conflit Israel-Hamas, où le chef de l’état confirme son soutien à Israel dans un premier temps, mais bannit cet état d’un salon de l’armement. Idem sur la rigueur budgétaire, sur la réforme de l’enseignement, ou la politique migratoire. Absence de conviction ? mauvaise foi absolue ? incapacité à choisir ? ou adhésion aux propos du dernier qui parle ? Probablement tout cela, en même temps

La fin de LREM

Dernier étage de la fusée Macron qui part en vrille, le parti du président n’en finit pas de s’entre-déchirer. C’est dur d’être en même temps un parti présidentiel, conçu spécifiquement pour mettre Macron en orbite en 2017, et s’inscrire dans la durée. Comme de nombreuses entreprises intimement liées à leur fondateur, La République En Marche ne survivra pas à la prochaine défaite. Déjà les « ténors » du parti cherchent à s’en démarquer. Bénéficiant d’une popularité amplement supérieure à celle de son boss, Gabriel Attal fait campagne sur son nom. Edouard Philippe reproche à son ancien patron d’avoir plombé la campagne. Et l’on sent déjà l’immense solitude qui attend Macron pour les trois années à venir.

Peut-être est-ce ce qu’il cherchait réellement, en procédant à cette étonnante dissolution.

Du temps pour écrire ses mémoires.

Que restera-t-il de la Macronie, au final ?

Quelques photos souvenir, et un pavé de 400 pages.

Les Illusions perdues…

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