Que manque-t-il à l'Europe?
C’est aujourd’hui, 9 mai, la journée de l’Europe. Une commémoration instituée il y a une trentaine d’années, et qui paraît bien désuète tant le concept même d’Europe semble décrié ces derniers temps. C’est l’un des paradoxes les plus étranges de ce siècle: alors que la construction européenne n’a jamais été aussi aboutie – au travers de principes comme la liberté des échanges, ou de réalités économiques comme la monnaie unique – l’Europe est en mal d’amour. Les élections européennes, comme celles qui vont se tenir dans quelques jours, ne mobilisent plus que ses adversaires. Mais que manque-t-il à l’Europe?
Certains pensent qu’il lui manque un projet politique majeur, qui serve de dénominateur commun. Je n’adhère pas à cette thèse. Ce n’est pas la politique qui a fait l’Europe, c’est avant tout l’économie qui a fédéré l’union européenne. Des ses début, comme un projet industriel, et dans la dernière décennie, les derniers entrants cherchant à rejoindre ce club qui fleurait bon la croissance, avant 2008. Pourtant, les « adversaires de l’Europe » ont toujours existé, dès ses débuts. La victoire du NON lors du référendum de 2005 n’était pas vraiment une surprise, pour qui savait lire à travers les blogs et les signaux faibles qui en émanaient.
Que manque-t-il à l’Europe? Peut-être un adversaire commun. Du temps de la guerre froide, le projet européen avait un sens, car il permettait d’opposer un bloc tout puissant – l’union soviétique et ses satellites – à un un autre bloc en gestation, en dehors de l’OTAN. Le rapprochement avec l’Allemagne, le traité de Paris, l’Europe des 12, puis des 15, avait pour toile de fond non pas un projet politique, ni un projet de société, mais une peur commune, celle de tomber sous la coupe d’un nouveau régime totalitaire.
Depuis 1989, la menace soviétique a disparu. Le besoin de rapprochement s’en est allé lui aussi. La crise ukrainienne, et le renforcement de la Russie sur le plan international pourrait-ils aider à reconstruire un projet européen? Affaire à suivre…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
« Ce n’est pas la politique qui a fait l’Europe, c’est avant tout l’économie qui a fédéré l’union européenne » . C’est bien le problème, justement. L’Europe écononomique concerne les entreprises, les consommateurs, les employés et les chômeurs, pas les citoyens.
Pour que les citoyens se sentent concernés, il faut que l’Europe touche les rôles de l’Etat : sécurité (extérieure et intérieure), infrastructure, et formation principalement. Il faut donc un projet politique de répartition des tâches entre les différents niveaux politiques (communes, départements, pays, union), et que ce projet apporte de nouveaux droits aux citoyens, pas seulement de nouveaux devoirs (comme d’élire une couche de politiques de plus…)
Si ça foire, rappelez-vous que vous pouvez toujours adhérer à la Suisse 😉 (mais pas tous à la fois, svp)
Excellente idée! Je m’installe à Zurich dès que possible!
pourquoi Zürich ?
pour rappel, en 2010: « Un sondage paru dans l’hebdomadaire alémanique Die Weltwoche révèle qu’ils sont 52% dans le Vorarlberg (Autriche), 48% en Savoie-Haute-Savoie comme dans le Bade-Wurtemberg (Allemagne) et 52% à Côme-Varèse (Italie) à se prononcer pour cette intégration. » (de leur région à la Suisse, source : http://www.lefigaro.fr/international/2010/07/29/01003-20100729ARTFIG00585-un-savoyard-sur-deux-adhere-au-reve-d-une-grande-suisse.php )
Je me demande que donnerait ce sondage aujourd’hui…
Et si l’Europe demandait son rattachement à la Suisse ?
Par ailleurs, d’après ce que je lis à droite et à gauche, ce qui fait l’Europe, ce sont les USA. Les mouvements économiques qu’ils suscitent sont tels qu’il faut s’unir pour résister. En particulier, il est très difficile de commercer si les changes sont sans cesse modifiés. D’où l’idée d’une monnaie unique. A son tour, celle-ci force à l’intégration.
http://christophe-faurie.blogspot.fr/2014/04/lunion-europeenne-ne-peut-quetre-un-etat.html