Qu'est ce qui fait courir Tata?
Comment une entreprise de 290 000 salariés peut-elle réaliser une croissance de 33% de ses ventes sur le dernier trimestre 2013? Pour trouver la réponse, il vous faudra aller la chercher en Inde, du côté de Tata Consultancy Services, la branche du groupe Tata spécialisée dans les services informatiques.
L’éditorial de Jean-Baptiste Jacquin ce weekend dans Le Monde le rappelait, la routine réserve des surprises. Cette croissance insolente, qui se répercute dans les intentions de recrutement – 50000 salariés prévus en 2014, soit 1000 nouveaux collaborateurs par semaine! – n’a rien d’anodin. Elle reflète un mouvement de fond, qui touche également les concurrents de TCS, comme Infosys. Et qui témoigne d’une reprise … chez les clients de ces conglomérats: constructeurs automobiles (Chrysler, Infineon…), grandes banques et sociétés d’assurance (Aviva, Prudential, Commerzbank…), compagnies aériennes (British Airways..), sociétés high-tech (Cisco, HP, Microsoft, …), basées pour nombre d’entre elles en Europe ou aux Etats-Unis.
En septembre 1984, Bernard Esambert, s’adressant à une poignée de jeunes ingénieurs, évoquait le concept guerre économique. Son discours me fit l’effet d’une révélation: oui, le monde était entré dans une période de paix, mais la contrepartie de cette paix résidait dans une animosité et une férocité économique qui se développeraient partout dans le monde. Nous jeunes ingénieurs, devions en comprendre les enjeux, les ressorts, et en devenir les officiers.
En lisant cet article dans Le Monde, le souvenir de ce discours d’ouverture m’est revenu. Visiblement, dans le secteur des services informatiques, Tata Consultancy Services a gagné, peut-être pas la guerre, mais au moins nombre de ses batailles. Si la Chine est l’usine du monde, l’Inde pourrait bien être le laboratoire de R&D d’une bonne partie de la planète. Quelle en est la recette? Impossible de s’en faire une idée sans aller vivre cela de l’intérieur, malgré les petits films d’information proposés sur le site de TCS.
Combien d’ingénieurs français sont-ils partis étudier TCS de l’intérieur, comprendre les ressorts de la croissance indienne en les vivant de près, en matière d’organisation, de recrutement, de formation, de motivation, de capacité d’exécution, de temps de travail, de collaboration, etc.? En recerchant sur l’annuaire de l’X, je n’ai trouvé que 2 anciens élèves de cette illustre institution salariés chez Tata. C’est peut-être un peu faible pour aller renverser le cours de la guerre économique contre TCS.
Et il y a fort à parier que TCS continuera de recruter 50000 collaborateurs par an (soit 50% de plus que ce que la filière numérique recrutera en France dans les 5 prochaines années selon le Syntec Numérique)…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je confirme !
Pour la filiale francaise aussi il y a des objectifs de croissance et de recrutement trés importants, tout en sachant que le marché y est relativement plat.