Pour la musique
Qu’est ce qui différencie la musique des autres arts ? Pour l’auteur de Pour la musique, c’est probablement le fait que contrairement à la littérature, au théâtre ou aux arts graphiques, la musique ne cherche pas à proposer une représentation de la réalité. Elle est sa propre réalité. C’est cette caractéristique essentielle qui, selon lui, détermine la relation qu’on peut avoir avec un morceau de musique. Contrairement à un tableau, dont on peut apprécier aussi bien l’objet que la réalisation, la musique impose sa propre marque : on adhère ou non à un morceau, une oeuvre. On ressent alors une émotion pure, celle qui provoque, à l’écoute de certains morceaux, de véritables jaillissements de larmes.
Véritable passionné de musique, Loïc Rocard analyse, sur près de 200 pages, les ressorts de la relation émotionnelle qu’il entretient, comme beaucoup de musiciens amateurs, avec cet art. Que l’amateur de yéyé ou de rock’n roll nous pardonne, on parle ici de musique classique, de grande musique si vous préférez ce terme. Les autres formes musicales sont bien sûr des représentations artistiques, mais de valeur moindre dans le cadre de cet exposé.
Explorant sur les quatre ou cinq derniers siècles la relation que les peuples européens ont entretenu avec la musique, il rappelle que la production musicale des grands auteurs classiques fut très longtemps réservée à un faible nombre de personnes capables d’en apprécier la richesse. La musique n’a pas toujours été cet art populaire, jusqu’à l’apparition de la radio et à la diffusion en masse.
L’auteur s’étend longuement sur le nécessaire enseignement des principes de bases de la musique aux plus jeunes : on parle ici de l’éveil aux instruments … et de la découverte du solfège. Première étape avant de découvrir la pratique d’un instrument, c’est un volet souvent négligé – à tort – de l’éducation. Je me souviens avoir moi-même appris le solfège très tôt, dès l’âge de six ans, très peu de temps après l’apprentissage de la lecture. C’est peut-être pour cela que j’ai toujours considéré cette discipline comme particulièrement simple, alors que j’ai vu autour de moi de nombreuses personnes en panique dès qu’il s’agissait de déchiffrer une partition, et renoncer à se lancer dans la pratique musicale plus par paresse que par désintérêt.
L’éducation musicale doit-elle être réalisée au collège, ou en tout cas dans un tronc commun dispensé à tous les élèves, ou au sein d’établissements spécialisés, conservatoire ou autres lieux d’apprentissages ? Pour l’auteur, il s’agit évidemment de diffuser au plus grand nombre, et donc de faire découvrir la musique dans des établissements d’enseignement général, laissant le soin aux établissements spécialisés de permettre un approfondissement, par la pratique d’un instrument. Malheureusement, sauf cas particulier, cet apprentissage au collège est loin de doter les élèves des connaissances de base pour donner envie d’aller plus loin. De ce fait, le nombre de jeunes qui pratiquent régulièrement un instrument est en déclin depuis de nombreuses années. Faites le test autour de vous, comptez le nombre d’adolescents capables non seulement de jouer quelques morceaux, mais aussi de déchiffrer une partition.
Loïc Rocard achève son court exposé par une liste d’oeuvres dont il recommande l’écoute. Cette sélection, évidemment subjective, a pour but de faire découvrir des oeuvres plutôt courtes, qui représentent à la fois les génies qui les ont composées mais aussi l’évolution de cet art au travers des siècles. J’ai commencé à constituer une playlist Spotify à partir des oeuvres proposées, que je vous laisse découvrir ici.
Enfin, l’auteur pose la question de l’avenir de la musique. Si la musique classique est en effet quasiment intemporelle, et si elle a su séduire des adeptes de profils culturels très variés, il n’en est pas de même de la musique contemporaine. J’avoue personnellement être complètement hermétique à la musique de Boulez ou de Messaien. J’ai beau avoir essayé, rien n’y fait. Pour moi, et comme le souligne Loïc Rocard, les véritables héritiers des grands compositeurs classiques, ce sont les compositeurs de musique de film. Certes, tout n’est pas forcément à la hauteur, et en termes de durée des morceaux, ce n’est pas vraiment comparable. Mais l’émotion qui passe lorsqu’on écoute certains bandes originales de film se rapproche parfois de celle ressentie à l’écoute de grands moments du répertoire classique. D’Indiana Jones à Harry Potter, la musique d’un John Williams n’a rien à envier à d’autres grands noms de la musique contemporaine…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec