Patrick Drahi face aux jeunes polytechniciens : n’ayez pas peur!
Cet après-midi avait lieu l’inauguration du bâtiment du pôle Entrepreneuriat et Innovation de l’Ecole polytechnique, en présence de Patrick Drahi, devenu le premier mécène privé de l’établissement au travers d’un financement total de 7 millions d’euros. LA FIBRE ENTREPRENEUR – Drahi X-Novation Center accueille de jeunes pousses au sein de sa structure qui comprend incubateur, accélérateur et espace co-working.
Premier discours avant de visiter le bâtiment
Cet événement était aussi l’occasion, pour l’entrepreneur, de venir s’exprimer devant les élèves des promotions 2014 et 2015, réunis dans le grand amphithéâtre Poincaré. D’abord sous la forme d’une table ronde avec quatre élèves, ensuite durant plus d’une demi-heure en se livrant au jeu des questions réponses. Dans l’ensemble, il ne s’en est pas trop mal tiré.
Salle comble, mais combien de futurs entrepreneurs là-dedans?..
Patrick Drahi revendique son attachement à l’Ecole polytechnique, un attachement sincère, puisque c’et son parcours qui lui a permis de réaliser tout ce qu’il a pu entreprendre. Il avoue avoir appris le management via son service militaire en première année, rappelle qu’il a pu très tôt s’initier à la recherche dans les laboratoires de l’école. Fils d’Abraham et de Marianne comme il l’a joliment rappelé, il souhaite aider l’école à briller.
Or pour briller, rappelle-t-il, l’Ecole polytechnique doit s’en donner les moyens. Face à des mastodontes comme Stanford ou le MIT, que peut l’école, si elle doit se contenter de moyens financés par l’état? Il est du devoir des anciens élèves de participer au financement, par exemple au travers de la fondation (comme lui). Il évoque le fait que donner à son ancien école, ce n’est pas un impôt, au contraire, c’est un geste qui fait plaisir (ou devrait faire plaisir), même si cela semble surprendre certains élèves dans l’amphi, qui craignent qu’en s’appuyant sur le financement privé, l’école perde son attachement historique aux institutions dont elle dépend (l’armée, la recherche et l’enseignement supérieur). Au contraire, soutient Patrick Drahi, c’est en s’émancipant financièrement que l’école aura moins à souffrir des répercussions des limitations de budget de ses tutelles.
Patrick Drahi aime rappeler l’importance de la prise de risque, dans le parcours d’un entrepreneur, et l’absolue nécessité d’accepter la possibilité de l’échec, sans en avoir peur. L’échec n’est pas négatif en soi, car au moins, on a tenté quelque chose, et donc appris au passage: c’est cet apprentissage permanent qui importe, de manière à ne pas répéter deux fois les mêmes erreurs. La prise de risque, il l’a vécue dès ses premières années après l’école, n’hésitant pas à financer à 100% par le crédit sa première maison: que peut-il lui arriver? Au pire, la banque récupère sa maison, mais ne le privera jamais des années de bonheur vécues entre temps.
Patrick Drahi, qui étudia à l’X une année tout juste avant moi, mais dont je n’ai pas gardé de souvenir de cette époque, a livré un message positif, fait d’optimisme, teinté de réalisme et de bon sens pour faire face à l’environnement économique qui nous entoure et aux opportunités qui nous sont offertes. Puisse cette brève apparition pousser quelques jeunes élèves à suivre la voie de ce chef d’entreprise parti de rien, et à la tête d’un des principaux acteurs mondiaux du secteur des télécoms.
NB: je n’ai pas pu poser la question qui me tarabuste depuis quelques mois, apparemment consigne était donnée de ne laisser que les jeunes poser des questions. Alors je profite de mon blog pour la poser à Patrick Drahi, au cas où il tomberait dessus.
En 1983, en arrivant à l’X, Bernard Esambert nous accueillait à coup de guerre économique. De nos jours, la France est embarquée dans un autre type de conflit, asymétrique, avec des organisations terroristes islamistes, dont le discours de haine inonde internet. Comment toi, Patrick, peux-tu, alors que tu es à la tête de nombreux opérateurs télécom dans le monde, laisser un tel flot de haine se déverser? N’est-il pas de ta responsabilité, en tant que chef d’entreprise, d’ancien officier de l’armée française, de participer au combat contre la barbarie en ligne?
Les officiers aussi se passionnent pour la fibre entrepreneur
Je suis certain que la réponse à ma question aurait passionné tant les élèves que les nombreux officiers présents dans la salle…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Bonne question Herve. Mais je pense qu'il répondra qu'il ne maîtrise pas les contenus…
Le propos et les actes de Patrick Drahi évoqués ici appellent beaucoup de réflexions et de réactions, je me bornerai à un éclairage particulier : l’expression de sa reconnaissance envers tout ce que lui a apporté l’X. Reconnaître sa dette, ses dettes, envers les autres est une base du lien social. Dire merci, loin d’être un acte de soumission, est un mot-clé dans la volonté de construire une société civile harmonieuse. Plus encore, la gratitude procède de la noblesse d’esprit. Faut-il remercier Patrick Drahi de ses remerciements? …