Panne sèche

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Vous l’avez sûrement remarqué, depuis quelques jours, il est difficile de trouve re l’essence en France. N’allez pas croire que la cause de cette pénurie soit un problème d’approvisionnement : les cuves sont pleines, c’est juste au niveau de la distribution que ça pêche. Des salariés de Total Energies, réclamant des hausses de salaire, ont décidé de bloquer les raffineries, et de mettre toute la France au ralenti. Comme beaucoup d’autres éditorialistes et blogueurs, j’ai eu envie de m’exprimer sur cette crise qui dure plus que nécessaire.

J’aurais pu écrire sur la morale du droit de grève. Ce droit nous autorise-t-il à répercuter nos problèmes sur l’ensemble de la population ? Peut-on mettre l’économie au ralenti au nom de l’inflation galopante ? Quel impact sur les transports publics, le système de santé, les circuits de distribution alimentaire, la vie du pays ? Tout cela passe-t-il derrière la fiche de paye d’une poignée de salariés de Total ?

J’aurais aussi pu écrire sur le cynisme du gouvernement, qui semble prendre conscience de l’étendue du problème avec un certain retard. J’aurais pu me dire que ce mouvement de grève tombe à pic pour mettre un petit coup de pression sur cette entreprise et ses dirigeants, accusés de réaliser de super profits.

J’aurais pu écrire sur les réquisitions, sur le malaise social, sur la perte du sens des responsabilités, sur plein de sujets. Sur les cols roulés qui redeviennent à la mode cet hiver, ou sur les réacteurs nucléaires à l’arrêt. Sur les marques d’incivisme qui se multiplient aux abords des stations-service. Et je le ferai peut-être dans les jours prochains, si le mouvement se poursuit, et s’étend, comme cela semble être le cas.

Mais non.

Ce soir, j’ai envie de parler d’autre chose.

J’ai envie de parler du Messie.

Du gars qui va sauver le monde. Qui s’est précipité dans une raffinerie pour marquer son soutien au mouvement de grève, et, pourquoi pas, s’en servir comme tremplin pour emmerder un peu plus le reste du pays, à coup de grèves à répétition.

Je veux parler de Mr Martinez.

Un ami s’est procuré, je ne sais comment, un morceau de l’enregistrement de sa prise de parole récente, sur BFM TV, depuis une raffinerie Esso.

Écoutez le bien. C’est vers la vingtième seconde.

Oui, vous l’avez bien entendu. Superman, pour venir soutenir les grévistes, à dû se faufiler entre les soldats israéliens et les balles – forcément les balles, qui sifflaient de partout – pour pouvoir venir faire son show.

Surtout ne lui demandez pas s’il est venu en char à voile, comme le PSG.

Il est bien revenu en avion, en passant par l’aéroport de Ben Gourion. Les méchants soldats de Tsahal ont quand même bien voulu accepter qu’il prenne son avion à l’heure, pour venir faire le malin dans une raffinerie.

Quelle force !

Avec de tels soutiens, imaginez-vous vraiment que les grévistes envisagent de mettre fin à leur grève ?

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