Otan en emporte (le soleil) levant
Les amateurs de politique étrangère à deux balles, dont je reconnais humblement faire partie comme nombre de compatriotes, auront aisément remarqué le téléscopage de différents événements ces derniers jours: G20, sommet de l’OTAN, essai balistique nord-coréen, invitation de Barack Obama à accueillir la Turquie au sein de la Communauté Européenne.
Et si la question la plus intéressante n’était pas l’adhésion de la France à l’OTAN, ni celle de la Turquie à l’UE, mais l’intégration du Japon et de la Corée du Sud à l’OTAN?
Je m’explique. L’adhésion de la France à l’OTAN ne changera pas grand chose au fonctionnement de nos forces armées. Des partenariats ou des accords « stratégiques » existent déjà avec nombre de nos voisins. Et il est bien dommage de laisser les Etats-Unis décider, seuls, ce qui est bon et bien pour l’Europe. Quoi, la France, quatrième puissance nucléaire, n’aurait-elle pas voix au chapitre en matière de défense européenne? Je doute fort que l’omni-président l’entende de cette oreille là…
L’adhésion de la Turquie, c’est avant tout une adhésion économique. On ne parle pas de sport, de sécurité nationale ou de coordination des forces armées, puisque sur ce plan, tout a déjà été fait, la Turquie étant membre de l’UEFA, et de l’OTAN depuis 1952. Quant aux divergences culturelles, elles passionnent madame Michu, et font resurgir tous les mauvais penchants islamophobes d’une certaine partie de nos compatriotes. Qui oublient que la Turquie et ses 71 millions d’habitants pourraient être des partenaires économiques de premier plan, notamment dans le secteur de l’hotellerie, où d’autres voisins n’hésiteront pas à signer des partenariats intelligents pendant notre absence.
En revanche, si l’OTAN est l’organisation du traité de l’Atlantique-Nord, il serait fort dangereux de limiter son périmètre à l’océan Atlantique. Après tout, une fois que la banquise aura fondu (ce qui ne saurait apparemment tarder), l’Atlantique et le Pacifique seront aisément interconnectables. Et les menaces qui prolifèrent à l’est de la Russie pourraient bien nous valoir leur paquet de problèmes dans quelques années.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec