Connaissez-vous Orbex, le programme de lanceur spatial britannique indépendant?
Il fut un temps où américains et russes régnaient en maître sur le domaine spatiale. La NASA et son homologue soviétique (dont j’ignore le nom) faisaient le chaud et le froid, et le reste de l’humanité vivait au rythme des annonces fracassantes, à qui enverrait le premier un chien, un singe, un être humain ou une équipe de basket faire les pitres autour de la planète. Puis l’Europe s’est prise elle aussi d’indépendance spatiale, puis ce fut au tour de la Chine et d’autres pays, jusqu’à Israel, qui s’est un instant imaginé comme le quatrième pays à poser un engin (inhabité) sur le sol lunaire.
La grande mode, depuis quelques années, ce sont les programmes spatiaux indépendants des états où ils se développent, comme Blue Origine ou SpaceX. Une indépendance toute relative, bien entendu, le succès économique étant, dans le cas de SpaceX notamment, lié à des commandes de la NASA. Ces programmes privés, financés par des milliardaires, répondent à des impératifs plus financiers que scientifiques, ce qui ne les empêche pas de réaliser de belles prouesses, et d’innover, tant sur la structure de coût que sur la réutilisation des lanceurs. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous, et on n’entend guère plus parler de Virgin Galactic…
Parfois, la surprise vient d’acteurs plus inattendus. C’est le cas avec OrbeX, une société britannique, qui développe un programme de lanceur orbital indépendant, appelé Prime – à ne pas confondre avec Amazon Prime. Créée en 2015, OrbeX a déjà levé plus de 30 millions de dollars, et prévoit d’effectuer son premier vol en 2021. Mais l’originalité d’OrbeX réside moins dans son pays d’origine, que dans le lieu choisi pour effectuer son premier vol: la péninsule de A’ Mhòine (un coin tellement paumé, qu’il ne possède même pas de page Wikipedia en français), située … au nord de l’Écosse. Oui, tenez-vous bien il s’agir du premier vol spatial effectué depuis une base située en Europe (en espérant que l’Écosse ne quittera pas l’Union Européenne avant…).
OrbeX a pour mission de lancer des micro et nano satellites sur des orbites basses, à un tarif défiant toute concurrence, et grâce à des procédés ingénieux qui permettent de réduire les émissions carbone et sans laisser de débris grâce à une technologie originale (zero shock separation).
Cela peut vous paraître anodin ou désuet, mais je trouve cela franchement extraordinaire. Nous vivons en effet une époque absolument incroyable, où une bande d’ingénieurs emmenés par un CEO un peu visionnaire, et avec une mise originale somme toute pas si gigantesque, peut démarrer un projet de lanceur spatial indépendant, en plein coeur de l’Europe. Pas besoin de postuler à la NASA ou à l’ESA, de rentrer dans une organisation gigantesque où on a l’impression d’être un rouage dans un magma plus ou moins digeste. C’est l’espace à la portée de n’importe quel ingénieur passionné par les étoiles, ou presque.
Alors vivement qu’on voit éclore un ou deux petits OrbeX français d’ici quelques années…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec