Oppenheimer
Dans la série des films que j’aurais pu apprécier, mais qui m’ont passablement fait mal au crâne, Oppenheimer tiendra indubitablement une place de choix. Ce film de Christopher Nolan, auquel on doit pourtant quelques belles réussites comme Memento, Interstellar, Inception ou le surprenant Tenet, raconte l’histoire de Robert Oppenheimer, le « père de la bombe atomique » américaine, de ses années de succès à ses déboires avec le maccarthysme.
Déboires avec le maccarthysme ? Et oui. Si on a tous entendu parler d’Oppenheimer et du projet Manhattan, et du premier essai de bombe nucléaire à Los Alamos, on a presque tous oublié que Robert Oppenheimer a connu des années plus difficiles, durant lesquelles on lui a reproché ses accointances avec les communistes américains, et son opposition au développement tout azimuth d’un arsenal nucléaire capable de réduire la Terre à néant. Peut-être est-ce mieux ainsi : l’Histoire finira par effacer les zones d’ombre supposées, pour ne garder que le souvenir d’un scientifique de haut niveau, capable de fédérer une équipe de scientifiques de haut niveau pour mener un effort de guerre à la hauteur de son talent.
Alors la vie d’Oppenheimer, c’est un beau projet de film, non ?
Oui, mais le résultat n’est pas à la hauteur des ambitions de son réalisateur, et je suis ressorti de ces trois heures de film avec un gros coup de fatigue. Pourquoi ? Parce que Nolan abuse, comme le fit en son temps Tony Scott, le frère de Ridley, d’un accessoire utile au cinéma, mais dont il faut savoir faire bon usage : l’accompagnement musical. Sur ces trois heures de film, comptez bien deux heures cinquante minutes avec une musique de fond agaçante (c’était déjà le cas avec Interstellar…), qui empêche de se concentrer sur les dialogues, et rend quasiment impossible la compréhension de ce film composé d’incessants aller-retours entre le Robert Oppenheimer de sa jeunesse, de Los Alamos, ou de son audition devant la commission d’enquête.
Bref, là où Nolan aurait pu réaliser un grand film didactique, composé de manière linéaire, avec ce qu’il faut de musique pour gérer les temps morts, on obtient un salmigondis de flashbacks et d’effets visuels inutiles (soi-disant pour aider à comprendre la mécanique quantique) dans un enfer musical.
Spectateur en quête d’un bon film, passe ton chemin.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec