On a tous quelque chose en nous de Hallyday
C’est indubitable. Au-delà de la couverture médiatique du décès du chanteur, nous avons tous un lien personnel avec Johnny Hallyday, qu’on l’apprécie ou qu’on l’abhorre. Nous avons tous en nous quelques chose de ce Johnny Hallyday. Mais quoi? Et pour quelle raisons?
J’en vois plusieurs, et la première, bien sûr, est sa longévité. Les débuts de Johnny datent du début des années … 60. Oui, vous avez bien lu, Johnny a démarré sa carrière il y a presque 60 ans. Autrement dit, si vous avez été jeune durant les 70 dernières années, il y a de fortes chances que vous ayez été confronté à un de ses « tubes », lors de soirées, en allumant la radio, ou, si vous êtes fan du chanteur, à l’occasion d’un de ses concerts. (je me souviens des pochettes des 45 tours que mes oncles et tantes laissaient traîner à la maison qu’en j’avais 5 ou 6 ans…). Johnny appartient à toutes les époques: celle de Claude François, de Daniel Balavoine, de Michel Berger, de Serge Gainsbourg (il les a tous enterrés, d’ailleurs), mais aussi de patrick Bruel ou de Stromae. Tel le lapin de a pile Duracell, il a duré plus longtemps que les autres.
La seconde raison, justement, ce sont ces concerts. Johnny Hallyday est non seulement une bête de scène, mais il a su s’approprier les codes des concerts géants. Premier artiste français à se produire au Parc des Princes, il symbolise à lui tout seul cette mode des méga-concerts, rassemblant plus sieurs dizaines de milliers de fans pendant parfois deux ou trois jours d’affilée. Allumer le feu, c’est son job, et l’artiste a su y mettre les moyens.
La troisième raison, à mes yeux, c’est que malgré sa dimension de rocker national, Johnny a su – on pourrait même dû – collaborer avec de nombreux artistes qui n’en étaient pas, eux. Ni auteur, ni compositeur, Johnny n’était qu’un interprète, certes de talent. Il a donc chanté les chansons que d’autres ont écrit pour lui, et qui ont été, bien entendu, de sacrés succès. Il a ainsi collaboré avec Michel berger, Daniel Balavoine, et même Hugues Aufray ou Charles Aznavour. C’est vous dire l’éclectisme, qui lu ia permis de toucher un public qui aurait pu lui être réfractaire… Et il faut se souvenir qu’à ses débuts, Johnny ne faisait qu’interpréter des tubes en anglais réadaptés pour un public francophone. Black is black des Rolling Stones, The house of the rising sun (le pénitencier).
Enfin, la dernière raison de son succès, c’est sa résilience. Johnny aurait pu sombrer à maintes fois dans l’alcool, la mélancolie de sa vie sentimentale tumultueuse, ou les diverses frasques de sa vie de contribuable. Sans oublier la période où les guignols en on fait la risée du paysage audiovisuel français, au travers d’une marionnette passablement débile (« Consonne! », « Ah que je vais ouvrir… »). Mais il a réussi, à chaque fois, à rebondir, consolidant ainsi sa stature d’idole, malgré le creux de ses propos et le vide absolu de ses apparitions en public: Johnny Hallyday n’était pas un chanteur engagé et n’entendait pas l’être, malgré son support à quelques personnalités politiques de droite et un concert à la fête de l’Huma, comme le rappelait ce matin Frédéric Says.
Plus que l’idole des jeunes, Johnny était devenu l’idole d’une nation. Et le film Jean-Philippe, sorti il y a une dizaine d’années, a su mettre en valeur avec talent la dimension complètement onirique de ce statut. De toute la carrière de Johnny Hallyday, c’est d’ailleurs ce film qui restera, au-delà de quelques tubes, la trace de son talent.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec