On a marché sur la tune
Nos contemporains sont radins, surtout en temps de crise. 40 ans après les premiers pas d’un être humain sur la Lune, ce qui est peut-être l’aboutissement le plus épatant de milliers d’années de recherche scientifique, d’aucuns ne veulent retenir que le coût exorbitant de la conquête spatiale et du programme Apollo: evalué à 25 milliards de dollars de 1969, soit plus de cent milliards de dollars actuels. Est-ce bien raisonnable?
A mon sens, oui, et en voici les principales raisons:
- Le programme Appolo a fait vivre près de 400 000 personnes (osurce Wikipedia): ingénieurs, chercheurs, militaires, focalisés sur un unique but. Le cout par individu n’est pas si déraisonnable. Et l’investissement réalisé par l’industrie aéronautique, spatiale et militaire américain a des répercussions jusqu’à aujourd’hui.
- Remettre en cause le programme Apollo, c’est, en fait, remettre en cause la conquête spatiale dans son ensemble. Comment envisager la conquête de l’espace, la maîtrise de notre globe comme élément du système solaire, la construction de stations orbitales, sans envisager de poser les pieds, à un moment ou à un autre, sur la Lune? Or comprendre l’espace, c’est comprendre notre univers, nos possibilités, en temps qu’espèce humaine à subsister à longue échéance dans une globalité, finalement, très hostile.
- Comparée au coût de certaines campagnes militaires (Vietnam, Iraq), la conquête spatiale est finalement tout à fait abordable. Quitte à ce que le contribuable américain soit mis à contribution, je préfère que cela soit pour concrétiser une part de rêve commune à tous mes semblables, que ce soit pour s’entretuer aux quatre coins de la planète.
- En terme d’image, la conquête de l’espace et les premeirs pas sur la lune ont eu un impact inoubliable. Qui, parmi ceux qui ont vécu ce moment intense, a oublié ce qu’il faisait ce jour là, à cet instant là? Qui ne s’est pas senti comme faisant partie d’une espèce animale – l’Homme – qui la première aura réussi à dompter les éléments pour se transporter d’un globe à l’autre? Qui n’y a vu qu’une incarnation de l’egotisme américain, pour ne pas y voir plutôt la consécration de l’intelligence humaine (dans on ensemble, parce qu’au cas par cas, ça laisse à désirer parfois…)
Pour moi, Apollo, Armstong, Aldrin et les autres ont porté haut les couleurs non pas de leur pays, mais de l’humanité en général. Et cela en valait la chandelle, quelqu’en soit le coût.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Ok, il fallait le faire, les retombées technologiques ont été incommensurables etc.
La question est maintenant : pour quoi REfaire ça 50 ans plus tard alors que ça ne nécessite pas de nouvelles technologies, que tous les objectifs scientifiques pourraient être atteints par des missions automatiques beaucoup moins couteuses, et sans objectifs commerciaux clairs. Dès qu’il existera un intérêt économique à aller sur la Lune, les entreprises privées investiront.
Réflexions en vrac :
– C’est vrai que la conquête de l’espace c’était l’image même du progrès positif. Aujourd’hui, il n’y a pas grand chose qui puisse faire rêver et attendre l’avenir avec impatience.
– L’économiste Galbraith était inquiet du poids que représentait l’armement dans l’équilibre de l’économie américaine. Il lui avait cherché des substituts, notamment la conquête de l’espace.
– En tout cas, ce qui m’a frappé en discutant avec des gens qui travaillent au CNES ou chez ArianeEspace, c’est qu’il semble bien que la technologie des lanceurs a reculé depuis qu’elle n’est plus tirée que par les lois du marché.
@DrGoulu: je ne crois pas que la question soit d’aller sur la Lune ou non, mais plutôt de relancer une politique de conquête spatiale. Vers Mars ou ailleurs. Et autant commencer à coté plutôt que d’aller directement très loin.
@Christophe: en quoi la technologie des lanceurs a-t-elle reculé? Il me semble au contraire qu’on a atteint un haut degré de fiabilité, et que cette fiabilité et ce savoir-faire permettent de se focaliser sur la charge utile – le satellite – comme pour Saupiquet (ou William saurin?), l’important c’est ce qu’il y a à l’intérieur.