Oh là là ! Benalla !
C’est certain, les amateurs de complots en tout genre et de séries politiques sur Netflix en ont pour leur argent. Avec l’affaire Benalla, on nage en plein délire fantasmagorique. Entre cet ancien candidat à l’élection présidentielle qui n’y voit rien moins qu’un Watergate, et ceux qui exigent des explications du président lui-même, les détracteurs d’Emmanuel Macron s’en donnent à coeur joie. Mais le petit scandale autour d’Alexandre Benalla, malheureusement pour eux, n’aura guère d’autre portée que l’éviction du principal intéressé et de sa bande, et le limogeage d’un ou deux fusibles supplémentaires, pour marquer le coup – il faut bien des fusibles, comme expliqué ici.
Le petit nuage sur lequel surfait Emmanuel Macron depuis la victoire des bleus s’est tout d’un coup dissipé. Alors que les débats sur la réforme de la Constitution avançaient, le mini scandale provoqué par l’enregistrement vidéo de ce policier impliqué dans la sécurité du président lors du passage à tabac d’un manifestant en mai dernier met la France en émoi.
Cette affaire aura au moins un effet bénéfique, celui de porter un retard plus pointu sur les différentes sphères qui interagissent autour de la sécurité présidentielle. Si vous pensiez que tout était pris en charge par le ministère de l’intérieur, vous avez faux. Si vous croyiez que c’était le secrétariat de l’Élysée, vous n’avez pas non plus une vue plus précise. Et si vous imaginiez que c’était la Préfecture de Police, vous n’étiez pas plus dans le vrai, à en croire les dernières auditions. Tout ce qu’on retient, c’est que c’est un peu plus compliqué que cela. Du coup, pour un personnage un peu intrigant, amateur de coups d’éclats, il y avait tout un territoire à préempter, comme on dit dans le business. C’est sans doute ce qu’a fait Alexandre Benalla, sans avoir réellement conscience de là ou cela pouvait le mener.
Que deviennent les services de sécurité des candidats à une élection présidentielle une fois que leur poulain est élu? C’est cette question là qu’il faut se poser. Il faut bien comprendre que si la sécurité d’un candidat était du ressort des services de l’état uniquement, cela accroîtrait de manière significative le coût d’une élection, et poserait des problèmes de confidentialité qu’aucun candidat n’envisage de se poser. Laisseriez-vous le ministre de l’intérieur du gouvernement que vous envisagez de remplacer suivre vos faits et gestes pendant toute une campagne?
On pourrait demander, par exemple, à Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, ce que sont devenus leurs gardes du corps ou le service d’ordre durant leur campagne. Sont-ils restés au service des partis qui faisait appel à leurs services, ou ont-ils rejoints d’autres unités? Dans le cas d’En Marche, visiblement, certaines personnes impliquées dans la sécurité du candidat ont cru que leur mission allait au-delà du cadre de l’élection. Visiblement, ce n’était pas le cas.
Quand elle vous rattrape, la réalité fait toujours très mal.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec